Il était une fois

Bolivia
Publish by : Mathilde Lafortune

Chacun a ses raisons et ses manières de voyager à l’étranger et chacun cherche à retirer des expériences différentes de ses voyages. Pour moi, le plus important c’est de vivre quelque chose d’authentique. Je ne m’intéresse pas aux places de «gringos» (terme péjoratif qui désigne un touriste), je veux un restaurant hardcore où je dois m’asseoir à 30 centimètres de la cuisinière. Je veux vivre quelque chose de différent et me perdre dans les différences. C’est ce que j’ai vécu à Potosi.

Je me suis réveillée le matin avec aucune idée de ce que je voulais vraiment faire pendant ma journée. Je savais que je voulais découvrir la ville de la manière la plus authentique possible: découvrir les rues les moins connues et me perdre dans la belle ville de Potosi. Je marchais sans vraiment avoir de but et je me suis souvenue que j’avais pris l’adresse d’une petite microbrasserie artisanale que je n’avais pas réussi à trouver sur google maps. Cette microbrasserie est devenue ma quête.

Le but de ma journée était de me rendre au 50 rue Haity. C’était tout. Il était une fois, Mathilde qui se promenait dans les rues de Potosi pour dégoter le trésor: une bière au quinoa. Comment j’ai fait? J’ai demandé aux passants et aux marchandes jusqu’à ce que je trouve quelqu’un qui connaissait la rue Haity. Au bout d’un bon dix minutes et peut-être huit passants, un homme a pu m’aider. Il m’a dit: «ah oui, la rue Haity, c’est beaucoup plus loin vers le bas! Tu peux prendre le minibus et tu vas arriver tout près en 20 minutes!» Mais je voulais marcher, alors il me dit: « descends quatre coins de rue, après tourne à droite pendant deux coins de rue et redescends-en quatre». Parfait, merci! Et je suis repartie.

Après quatre coins de rue en descendant, je me mets à douter: est-ce que j’ai bien compris? Est-ce qu’il savait vraiment où était la rue Haity? Pour me rassurer, je demande à quelqu’un d’autre. Soit que j’ai de la chance ou que je m’approche de la rue, car il peut me répondre. «Descends quatre coins de rue et tourne à droite». Ça a l’air que c’est plus loin que je croyais. Parfait, merci! Et je suis repartie.

Après encore quatre coins de rue en descendant, je me remets à douter: est-ce que j’ai bien compris? Est-ce qu’il savait vraiment où était la rue Haity? Pour me rassurer, je redemande à quelqu’un d’autre. Soit que j’ai de la chance ou que je m’approche vraiment de la rue, car il peut me répondre. «Descends quatre coins de rue et tourne à droite». Ça a l’air que c’est beaucoup plus loin que ce que je croyais. Parfait, merci! J’ai eu droit à cette conversation quelques fois et rendu à au moins 18 coins de rue plus bas dans une rue super inclinée, je me rends compte que je vais éventuellement avoir à la remonter, alors je redemande. La dame dans son stand de fruit me répond: «remonte quatre coins de rue et tourne à gauche». Sérieusement? Remonter? Ok.

En remontant, j’ai croisé deux hommes qui savaient réellement où est-ce que je devais aller, alors j’ai suivi leurs indications et je suis finalement arrivée à la rue Haitï (je sais ce n’était même pas la même rue que sur internet) au numéro 50. Devant moi, j’avais une porte en métal qui me laissait croire qu’il y avait une maison derrière et aucune indication pour me détromper. J’avoue avoir failli repartir sans même cogner à la porte mais, au moment de me retourner, j’ai vu quelque chose par terre: un bouchon de bière! C’est ce qui m’a donné le courage de m’informer et je suis vraiment contente de l’avoir fait.

En cognant à cette porte, j’ai rencontré un homme vraiment sympathique et passionné de la bière. On a parlé un petit moment et c’était vraiment intéressant d’entendre parler de son commerce et des difficultés qu’il rencontre pour vendre ses produits. On s’est aussi mutuellement remercié de créer des bières artisanales pour lui et d’aimer les bières artisanales pour moi.

En fait, cette quête va m’avoir apporté beaucoup: des conversations avec plein de monde dans la rue, une découverte plus profonde de la ville de Potosi, une rencontre inattendue avec un passionné et 6 bonnes bières au quinoa. C’est aussi cette épopée qui m’a fait tomber amoureuse de cette magnifique ville qu’est Potosi.

Pilena-propriétaire Le propriétaire de la microbrasserie Pilena

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