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Rencontre avec Christian Clément, coopérant volontaire du programme Uniterra au Pérou

Depuis juillet 2015, ce Canadien originaire de l’Outaouais occupe le poste de conseiller en stratégie de marketing auprès de l’Association Péruvienne des Producteurs de Cacao, une association à but non lucratif basée à Lima qui regroupe près d’une trentaine de coopératives et d’associations et représente quelque 30 000 petits producteurs. 
Quelques mois après le début de son mandat d’un an, il a eu l’idée de mettre sur pied une mission commerciale au Canada, ce qui a été rendue possible grâce au volet Partenaires d’affaires du programme Uniterra. En collaboration avec l’équipe d’Uniterra à Montréal et à Ottawa, il en a assuré la programmation et l’organisation, et a veillé à son bon déroulement sur place. 

A 38 ans, ce titulaire d’une maitrise en géographie de l’Université de Montréal n’en est pas à sa première expérience au Pérou. En 2006 déjà, alors agent de développement local, il quitte le Québec pour Lima – et les beaux yeux d’une Péruvienne - et pendant deux ans enseigne le français au secondaire, tout en apprenant l’espagnol. En 2008, il revient à Ottawa avec sa jeune famille et travaille comme gestionnaire de programme pour différents ministères, avant de céder une nouvelle fois à l’appel de l’international. De retour à Lima en 2014, il effectue un mandat pour Oxfam Québec comme conseiller en développement et gestion, puis, 10 ans après une première mission effectuée au Sénégal pour le Forum sur l’économie sociale de Dakar, il renoue avec le programme Uniterra.

Comment vous est venue l’idée de cette mission commerciale?

Tout simplement en constatant que les coopératives que nous appuyons à l’Association Péruvienne des Producteurs de Cacao n’ont que très peu d’échanges commerciaux avec le Canada. L’idée de départ était donc de participer à un salon commercial pour mettre en valeur les acteurs locaux, leur permettre de trouver et développer des opportunités d’affaire, établir des liens et les aider ainsi à pénétrer le marché canadien. 

On a choisi de ne pas se limiter aux coopératives qui commercialisent le cacao et le café, mais de donner aussi une opportunité à celles qui font la transformation du chocolat, de façon à travailler sur la chaine de valeur du cacao dans son ensemble. Nous avons sélectionné trois entreprises coopératives et trois femmes chocolatières dans la zone d’intervention du programme Uniterra. Le projet, sur lequel j’ai commencé à travailler à la fin de l’année dernière, s’est mis en place relativement rapidement, il y avait un intérêt très prononcé de la part des acteurs péruviens. 

Outre sa participation au Salon International de l’Alimentation de Montréal, la délégation a multiplié les visites et les rencontres durant les deux semaines de son séjour. Y avait-il d’autres objectifs à cette mission ?

Il s’agissait aussi d’acquérir une plus grande compréhension du marché canadien et de la façon d’y accéder. Développer une meilleure connaissance des consommateurs, de la culture du pays de manière générale, mais aussi apprendre du mouvement coopératif canadien, avec par exemple le modèle d’une coopérative de travailleurs. 

On souhaitait aussi tout simplement permettre aux participants péruviens, qui ne se trouvent pas au même niveau sur la chaine de valeur du cacao, de mieux se connaitre entre eux, d’établir des ponts. L’une des chocolatières a ainsi décidé de se fournir à partir de maintenant en sucre biologique auprès d’une des coopératives de la délégation.

Le Pérou produit moins de 2 % du cacao mondial. Est-ce vraiment essentiel pour les petits producteurs d’obtenir de nouveaux débouchés?

C’est vrai que le Pérou ne figure pas parmi les grands pays producteurs de cacao dans le monde. On parle de petit volume, mais la production a presque doublé depuis 10 ans. Par contre, il s’agit d’un cacao de grande qualité, que l’on qualifie de «cacao fin d'arôme», ses fèves sont reconnues dans le monde entier pour leur saveur. Cela fait maintenant une quinzaine d’années que les chocolatiers européens les ont découvertes et les importent. En plus, la production est largement orientée sur le biologique – le Pérou est désormais le deuxième plus grand producteur et exportateur de cacao biologique au monde. Donc l’offre des producteurs péruviens est constituée de produits de niche et de haute qualité. 

Elle est forcément destinée au marché international car – et c’est une aberration!- les Péruviens ne sont pas des consommateurs de chocolat fin ! Ils ne mangent que peu de chocolat, et ce sont surtout des bonbons sucrés. A l’Association Péruvienne des Producteurs de Cacao, on travaille pour essayer de développer un marché national, en appuyant par exemple la transformation sur place du cacao. Mais en attendant, oui, les débouchés sont à l’international.

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De retour au Pérou, Christian Clément peut s’estimer satisfait de tout le travail effectué pour organiser et encadrer cette mission commerciale, puisque les producteurs de cacao et les chocolatières membres de la délégation repartent dans leurs pays avec en poche une liste de partenaires potentiels intéressés à acheter leur produit. Son mandat auprès de l’Association Péruvienne des Producteurs de Cacao se poursuit puisqu’il va maintenant appuyer l’organisation du salon du chocolat de Lima 2016… auquel plusieurs entreprises canadiennes rencontrées lors de la mission ont d’ailleurs bien l’intention de participer! Une histoire à suivre…

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Du 9 au 22 avril 2016, le CECI et l’EUMC ont accueilli 8 partenaires originaires du Pérou, de Bolivie et du Guatemala travaillant dans les secteurs du cacao, du café et du quinoa. Cette mission au Canada a été organisée pour les aider à établir de nouvelles relations d'affaires, identifier des clients canadiens potentiels, en apprendre davantage sur les tendances du marché canadien et leur a permis de suivre une formation avec des experts chocolatiers pour améliorer la qualité de leurs produits. Nous avons également encouragé le partage des connaissances avec des experts canadiens sur les coopératives, permettant ainsi à la délégation d’Amérique latine d’apprendre de ces modèles.

Uniterra est l’un des plus importants programmes de coopération volontaire et de développement au Canada. Il est mis en œuvre conjointement par le CECI et l’EUMC. Le programme Uniterra est réalisé grâce à la contribution des Canadiennes et des Canadiens et il bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.


Texte: Carole Duffréchou | Photos: CECI / EUMC

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