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Népal : Des outils technologiques pour lutter contre la COVID-19 et favoriser la transparence

Une situation sanitaire sous contrôle, mais précaire

La proximité géographique et l’intensité des liens commerciaux du Népal avec la Chine et l’Inde font que le pays a été très tôt confronté à la pandémie de COVID-19. Un premier cas de contamination y a été confirmé dès le 23 janvier 2020. Dans les mois qui ont suivi, le gouvernement népalais a pris plusieurs mesures visant à prévenir une propagation incontrôlée du virus et à renforcer la capacité de prise en charge des structures de soins. 

À partir du 24 mars, le gouvernement népalais a ordonné la fermeture des frontières du pays, la suspension des vols internationaux, la fermeture des écoles et des commerces non essentiels, et a demandé à la population de rester chez elle, sauf pour subvenir à ses besoins de base. Depuis le 15 juin, le confinement a été progressivement assoupli : les petits commerces ont été autorisés à rouvrir, et les transports interurbains et internes à chaque district ont pu reprendre.

Si les mesures de confinement ont jusque là porté leurs fruits, puisque le Népal ne compte actuellement que 14 046 cas confirmés de COVID et 30 décès, la réouverture des frontières, prévue pour le 22 juillet, laisse craindre une résurgence du nombre de cas en raison du retour annoncé de plusieurs centaines de milliers de travailleuses népalaises et travailleurs népalais actuellement coincé-e-s à l’étranger, souvent dans des conditions insalubres.

La transparence gouvernementale mise à l'épreuve par la pandémie

Au milieu du mois de juin, des manifestations ont réuni quelques milliers de personnes dans les rues de Katmandou pour réclamer des infrastructures de quarantaine décentes pour les travailleuses-eurs migrant-e-s de retour, davantage de tests de dépistage et plus de transparence concernant les dépenses publiques liées à la lutte contre la COVID-19.

La pandémie a en effet mis en évidence un certain nombre de faiblesses au sein de l'État népalais. La mauvaise gestion des fonds publics, la faiblesse du système de santé (surtout dans les zones rurales) et l'incapacité à créer les conditions propices à l’emploi dans le pays sont dénoncées par un nombre croissant de personnes. De plus, la gestion de la crise a réveillé des désaccords entre les gouvernements fédéral, provincial et local quant à leurs compétences et budgets respectifs.

Accroître la transparence et la responsabilité gouvernementale grâce à la technologie

Dans ce contexte, notre projet d'utilisation durable de la technologie pour responsabiliser le secteur public (Susasan) est plus pertinent que jamais et s’est adapté pour répondre à certaines préoccupations de la population népalaise durant la pandémie. 

L’approche du projet consiste à accompagner les autorités locales dans l’adoption d’un processus de prise de décision basé sur les besoins réels de la population. Ce processus consiste en une interaction à double sens entre les citoyen-ne-s et les gouvernements locaux. Cette interaction, facilitée par la création de sites internet gouvernementaux, de systèmes de messagerie municipale, de centres d’informatique, permet aux citoyen-ne-s de communiquer leurs besoins et aux élu-e-s de mieux y répondre. La population exerce ainsi un contrôle sur les gouvernements locaux, ce qui les pousse à agir de manière responsable. 

Grâce aux données récoltées et à la technologie mise en place dans le cadre du projet Susasan, les gouvernements locaux sont désormais en mesure d’entrer en contact direct avec les citoyen-ne-s de façon groupée. Le système de messagerie de masse, rendu possible par la téléphonie mobile, a facilité de travail des autorités locales pour sensibiliser la population aux risques et aux mesures préventives liés à la COVID-19. Ce moyen de communication a également été utilisé par les gouvernements locaux pour veiller sur les travailleuses-eurs migrant-e-s qui ont pu regagner le Népal et respecter la quarantaine en famille.

Afin de permettre aux autorités locales de communiquer les informations les plus récentes en lien avec la COVID-19, le projet a aussi permis la mise en place d’un portail en ligne. Le site comprend des statistiques sur la progression du virus, un répertoire des hôpitaux et des pharmacies en activité, ainsi que les capacités des services de quarantaine et d'isolement. Les utilisatrices-teurs peuvent également interagir avec les gouvernements via le portail en envoyant leurs coordonnées si elles/ils présentent des symptômes de la COVID afin d’obtenir de l'aide. Depuis le lancement de l’initiative à Dhangadhi le 3 mars, son succès a été tel que le concept a été reproduit par 27 autres villes, y compris par 16 municipalités avec lesquelles nous ne travaillons pas directement.

Depuis le début de la pandémie, de nombreuses personnes ont également vu leur santé mentale affectée. La peur de la contagion, la perte de revenus, le sentiment d’impuissance, ou encore la cohabitation difficile entre les membres d’une même famille peuvent être source de stress, d’anxiété, voire de déprime. Pour accompagner les femmes, les travailleuses-eurs migrant-e-s et les élu-e-s locales-aux dans les défis auxquels elles et ils font face, le projet a élaboré du matériel de sensibilisation sous la forme de podcasts qui sont à disposition de la population.

Nous espérons que cette approche, qui encourage la transparence et la responsabilité gouvernementale, sera utilisée en dehors du contexte de pandémie, et au delà du palier de gouvernement local, car elle permet de s’assurer que les gouvernements agissent toujours en réponse aux besoins des populations, y compris des plus vulnérables.


Le projet d'utilisation durable de la technologie pour responsabiliser le secteur public (Susasan) bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, par le biais d’Affaires mondiales Canada.

 

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