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Fanm Deside accompagne et soutient les femmes en difficulté, elle défend leurs causes auprès de différentes institutions étatiques et organisations non gouvernementales. Elle s’engage dans des actions de communication sociale contre la violence, dans des activités reliées à la santé des femmes et à la promotion de l’égalité Femme-Homme. FANM DESIDE c’est aussi un centre d’hébergement destiné aux femmes victimes de violence dans la région du sud-est d’Haïti. L’organisation haïtienne a mis sur pied des projets économiques pour améliorer la vie des femmes : microcrédit, mutuelle d’épargne et de crédit, pépinière, ateliers de production, transformation et vente de produits : plantes, pommade, sirop, café en poudre, confection textile, etc.
Fondée en 1989 à Jacmel en Haïti, Fanm Deside est l’une des plus grandes organisations de référence en matière de promotion et défense des droits des femmes. « À l’origine, Fanm Deside est un regroupement de treize femmes haïtiennes et de quatre sœurs canadiennes. Ces treize femmes, issues d’un quartier populaire de Jacmel, devaient faire face à des problèmes plus liés à leurs besoins directs : accès à l’eau potable, paiement du loyer, transport des enfants à l’école, etc. », explique Marie-Ange Noël, membre du Comité exécutif de Fanm Deside. Elle poursuit : « sous les encouragements des quatre sœurs, elles se sont regroupées pour mieux se faire entendre et trouver des solutions; et elles ont donné naissance à Fanm Deside. »
Aujourd’hui, Fanm Deside compte près de 4000 membres, dont 700 membres actifs dans la ville de Jacmel. Ses activités s’étendent à huit communes du département du sud-est d’Haïti.
Nadia Lafleur, responsable du Centre d’hébergement Magalie pour la vie et membre de Fanm Deside, décrit la lutte de Fanm Deside pour améliorer la condition féminine en Haïti à travers quatre volets. L’organisation fait des sessions d’information et de sensibilisation auprès des femmes, des hommes, dans les écoles ou encore auprès des autorités médicales et du personnel de la justice. Un autre volet très important est la création d’activités génératrices de revenus pour que les femmes appuyées puissent avoir du pouvoir économique. L’organisation a d’ailleurs mis en place, il y a quelques mois, un poulailler, une mutuelle solidarité, et des micros crédits. Le troisième volet est le plaidoyer pour faire entendre les revendications des femmes. Le dernier volet est l’accompagnement de femmes et filles victimes de violence. Cet accompagnement est médical, légal et passe aussi à travers une maison d’hébergement, Magalie pour la vie. Cette maison d’hébergement accompagne, sur le long terme, les femmes victimes de traumatisme et les aide à se reconstruire avec des activités psychologiques et de loisirs.
Fanm Deside et le Programme de coopération volontaire (PCV) : une collaboration aux résultats concluants
Très rapidement, Marie-Ange Noël et Nadia Lafleur ont parlé de l’apport très positif de la collaboration entre Fanm Deside et le PCV : « Ça nous a beaucoup aidés pour faire notre diagnostic organisationnel. On a pu prendre conscience de nos forces et faiblesses et ainsi s’améliorer en travaillant plus en équipe. Ce programme nous a aussi beaucoup appuyés au niveau des activités génératrices de revenus, parce que nous n’avions aucune expérience. Le poulailler est bon exemple. Mais il reste encore beaucoup à faire et je suis heureuse qu’il se prolonge. Nous avons encore besoin de conseils, on veut encore apprendre et innover. »
En effet, le Programme de coopération volontaire (PCV) a pour mission d’appuyer des partenaires haïtiens afin qu’ils soient en mesure de mieux répondre aux besoins des populations concernées. Cet appui se fait par l’envoi de conseillers et conseillères canadien-ne-s qualifié-e-s.
Sébastien Beaudet a été l’un de ces volontaires, parti en Haïti deux mois et demi pour appuyer Fanm Deside et a affirmé : « C’est une organisation très structurée et exigeante. Je m’estime chanceux d’avoir pu y participer. Les femmes qui y travaillent savent où elles vont et ont mis en place une gestion participative ». « Le résultat est que tous les employés se sentent partie intégrante de l’organisation. Les femmes parlent de “leur organisation”. C’était vraiment une très belle expérience de travailler avec eux. Ils ne font pas que soigner les accidents de la vie, ils vont au-devant pour les prévenir et changer les mentalités. »
Un changement des mentalités s’opère quant à la condition féminine notable
« Aujourd’hui les femmes se sentent plus à l’aise de prendre la parole lorsqu’elles sont victimes de violences à Haïti. Avant, elles avaient peur et avaient des difficultés à se faire entendre. Cela est en partie dû au fait qu’avant les organisations étaient surtout gérées par des hommes qui ne les laissaient pas s’exprimer, maintenant il y a plus de femmes en tête d’organisations. »
Un autre changement important est le changement du mode de collaboration entre les instances de justice et de police avec les organisations comme Fanm Deside. Au-delà d’une simple collaboration comme on avait dans le passé, la police réfère maintenant des cas aux organisations. « La cause des femmes est plus entendue et reconnue dans la société. Par exemple, auparavant le 25 novembre, journée internationale des violences faites aux femmes, il fallait lutter pour la célébrer, maintenant les journalistes viennent nous chercher et nous en parler », raconte Nadia Lafleur.
Il reste encore beaucoup à faire pour changer en profondeur les mentalités. C’est pourquoi il est apparu important pour les équipes du PCV de soutenir un organisme comme Fanm Deside et leur donner les outils nécessaires pour continuer à améliorer la situation des femmes à Haïti.
Le programme de coopération volontaire en Haïti (PCV) est mis en oeuvre par le consortium composé du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), de la Fondation Paul Gérin-Lajoie (FPGL) et du Service d’assistance canadienne aux organisations (SACO).