Communiqué de presse

Coupures à Québec sans frontières : un recul préoccupant pour la solidarité internationale du Québec

Canada

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Pour diffusion immédiate

Montréal, le 22 décembre 2025 — Les organisations québécoises de coopération internationale dénoncent vivement la décision du gouvernement du Québec prise vendredi dernier en après-midi de ne pas verser à près de la moitié des organisations la deuxième partie de l’aide financière du programme Québec sans frontières pour l’année 2025-2026. Ce faisant, le Ministère des relations internationales et de la francophonie (MRIF) choisit de ne pas honorer ses engagements contractuels tels que prévus dans son programme pluriannuel 2024-2028.

Cette décision du ministère porte un coup dur aux efforts de coopération internationale déjà diminués à cause des profondes coupes financières des gouvernements occidentaux. La coopération internationale constitue un levier essentiel pour créer des conditions de sécurité, de stabilité et de confiance sans lesquelles un développement économique durable et inclusif ne peut se réaliser.

Cette décision porte aussi un coup dur à la crédibilité du Québec face à ses partenaires internationaux quant à sa capacité de respecter les contrats engagés. Elle touche directement les ententes signées par les organisations, qui devront potentiellement envisager de mettre fin pendant les Fêtes à des emplois au Québec et à des contrats de partenariat. Quelle image dégage un gouvernement qui ne respecte pas ses propres engagements contractuels?

Les organisations touchées, notamment Avocats sans frontières Canada, le CECI, Equitas, la Fondation Paul Gérin-Lajoie, Oxfam-Québec et SUCO, subissent déjà depuis plusieurs semaines le gel du financement provenant de ce programme, décidé unilatéralement et sans explications par le MRIF. Le minimum attendu du MRIF est qu’il respecte ses contrats en cours, de la même façon qu’il s’attend à ce que les organismes de coopération internationale en fassent de même de leur côté.

Cette décision catastrophique aura surtout des répercussions directes sur des milliers de personnes à travers le monde. Les coupures toucheront des communautés et des personnes parmi les plus vulnérables du monde.

« 3 000 femmes, adolescentes et personnes issues de groupes marginalisés au Tchad et en République démocratique du Congo sont directement concernées. Nous savons aussi que le secteur communautaire au Québec est durement affecté par le financement insuffisant et imprévisible du gouvernement du Québec, ce qui heurte aussi les personnes vulnérables. Comment se fait-il que les coupes de ce gouvernement touchent particulièrement ces personnes alors que les inégalités augmentent ? », questionne la directrice générale d’Oxfam-Québec, Béatrice Vaugrante.

« Le Québec est une référence en matière de bienveillance et solidarité communautaires que ça soit ici au Québec ou à l'international. La décision de faire des coupures dans les projets de solidarité internationale secoue cette crédibilité construite depuis des décennies.

Nos organisations se retrouvent face à une situation intenable : elles ont initié des projets que le gouvernement s’était engagé à financer, mais qui ne pourront finalement pas se réaliser comme prévu. Les organisations québécoises concernées ne pourront pas assumer ce fardeau financier inattendu», déplore Odette McCarthy, d’Equitas

« En ne respectant pas ses engagements, le gouvernement du Québec ne pénalise pas seulement notre organisation, mais d’abord les personnes les plus vulnérables, pour qui l’accès à la justice est souvent la dernière barrière contre la violence et l’arbitraire.» Karine Ruel, directrice générale d’Avocats sans Frontières Canada.

« Il est déplorable que le Québec, partenaire de confiance, solidaire et engagé en coopération internationale depuis des décennies, soit maintenant le Québec qui n’honore pas ses engagements contractuels en cours. Très dommageable pour l’image et la réputation du Québec dans le monde », souligne M. Christian Champigny, directeur général de SUCO.

L’expertise québécoise en matière de solidarité internationale est en péril. Dans sa mouture 2024-2028, le programme Québec sans frontières vise à consolider cette expertise afin de soutenir davantage les communautés les plus vulnérables situées dans les pays ciblés, et à créer des occasions de volontariat et d’échanges de savoirs et d’expériences pour les Québécoises, les Québécois et les nombreux partenaires des pays du Sud Global.

« Les organismes de coopération internationale québécois collaborent avec des centaines de partenaires dans plus de 86 pays, contribuant ainsi au rayonnement international du Québec tout en répondant aux besoins des populations les plus vulnérables », souligne Michèle Asselin, directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI).

Au-delà des impacts humains immédiats, le programme QSF joue un rôle stratégique pour le Québec. Il contribue à entretenir des relations durables avec des pays partenaires clés, à soutenir des environnements plus stables et prospères, et à créer des passerelles économiques, sociales et culturelles. En ce sens, les organismes québécois de coopération internationale sont des acteurs essentiels de la politique internationale du Québec. Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité, les crises climatiques et les tensions géopolitiques, et au moment où le Québec veut bâtir de nouveaux horizons commerciaux, la coopération internationale constitue aussi un investissement en influence et en crédibilité pour le Québec.

Conscientes des contraintes budgétaires actuelles, exacerbées par les coupes annoncées par le gouvernement fédéral en novembre et par un recul global de l’aide internationale, l’AQOCI et les organisations touchées par cette décision espèrent rencontrer rapidement le ministre Christopher Skeete afin de mettre en évidence les conséquences importantes de cette décision sur l’ensemble du secteur québécois de la solidarité internationale, et sur la crédibilité et à la réputation du Québec à travers le monde. Elles demandent que le ministre annule cette décision, respecte ses engagements contractuels et maintienne pleinement le programme Québec sans frontières.

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Des porte-paroles sont disponibles pour des entrevues.

Josianne Bertrand
Relations publiques et médiatiques, Oxfam-Québec
514 606-4663
josianne.bertrand@oxfam.org

Clémentine Chevallier
Responsable des communications – Campagnes et mobilisation, SUCO
438 927-5727

Jean-Sébastien Vallée
Directeur de l’éducation et des communications, Equitas
jsvallee@equitas.org

Alex Lemieux
Coordinateur des communications - Avocats sans frontières Canada
alex.lemieux@asfcanada.ca

Stephanie Nichols
Directrice des communications et du développement philanthropique, CECI
514-358-4286
stephanie.nichols@ceci.ca

Bhava Thamotharam
Directrice des communications - Fondation Paul Gérin-Lajoie
514-660-9356
bthamotharam@fondationpgl.ca

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