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« Le Sénégal compte plusieurs populations à risque dans le contexte actuel. Si le confinement total est déclaré, ces personnes seront dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins élémentaires de protection et d’alimentation. » - Groupe de riposte à la COVID-19 des organisations de femmes au Sénégal.
À l’instar du reste du monde, le Sénégal fait face à la pandémie de COVID-19 depuis que le premier cas a été déclaré sur son territoire, le 2 mars dernier. Contrairement à ce que craignait initialement l’Organisation mondiale de la santé, le coronavirus ne semble pour l’instant pas avoir pris l’ampleur sanitaire redoutée sur le continent africain. Au Sénégal, on dénombre, en date du 5 juin, 4 155 cas confirmés, 2 776 guérisons et 51 décès, des chiffres à prendre avec précaution, puisque toutes les personnes présentant des symptômes ne sont pas testées.
Fort de son expérience dans la lutte contre le virus Ebola en 2013 et 2014, le gouvernement sénégalais a rapidement réagi en proclamant l’État d’urgence, une décision assortie de nombreuses mesures visant à limiter la propagation de la COVID-19 : fermeture des frontières, interdiction des rassemblements, arrêt des transports entre les villes, réduction du nombre de places dans les transports publics, obligation de porter le masque dans les lieux publics, promotion des gestes barrières et couvre-feu strict de 21 h à 5 h. Des mesures qui ont été assouplies au fil des semaines. Le président sénégalais a également annoncé un plan de soutien de plus de 1,5 milliard de dollars canadiens au secteur de la santé, aux ménages, aux entreprises et aux membres de la diaspora.
Les dispositions prises par le gouvernement afin de limiter la propagation du virus ont particulièrement affecté les populations les plus vulnérables (enfants des rues, talibés, travailleuses domestiques, commerçantes, familles pauvres, vivant dans la rue et de mendicité, etc.) car elles vivent de l’économie informelle et ne sont pas en mesure de s’approprier les consignes sanitaires diffusées en français.
Dans le contexte actuel, la santé des femmes est particulièrement à risque au Sénégal. D’abord parce qu’elles sont surreprésentées parmi le personnel de santé de première ligne, mais aussi parce que l’accès à la santé sexuelle et reproductive devient plus compliqué du fait de la réallocation des ressources médicales à la lutte contre la pandémie. Certaines femmes peinent à bénéficier du suivi dont elles ont besoin durant leur grossesse, d’autres à accéder aux produits contraceptifs, d’autres encore à se procurer des produits hygiéniques menstruels indispensables.
Beaucoup de femmes se retrouvent également dans des situations économiques et sociales plus précaires qu’auparavant. La fermeture des écoles et l’arrêt de nombreuses activités économiques ont provoqué une augmentation de la charge de travail domestique pour les femmes, tout en affectant considérablement leurs revenus.
Dans les foyers, l’incertitude financière et autres tensions sont généralement exacerbées par le confinement et le couvre-feu. Les femmes sont donc particulièrement vulnérables aux violences conjugales et autres formes de violence basée sur le genre.
« Depuis le début de la pandémie, il a été enregistré plus de 100 cas de violences conjugales, dont un seul exercé sur un homme. On peut affirmer sans risque de nous tromper que la COVID-19 a aggravé ces violences », affirme Ndèye Dieumb Diagne de l’Association pour la promotion des femmes sénégalaises (APROFES) à Kaolack.
Avant même l’annonce des mesures prises par les autorités sénégalaises, les organisations de la société civile qui œuvrent en faveur des droits des femmes et des filles avaient déjà commencé à se mobiliser et à amorcer des initiatives d’accompagnement et d’appui aux populations les plus vulnérables.
À l’initiative du Réseau Paix et Sécurité des femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO), partenaire du CECI dans le cadre du projet Voix et leadership des femmes au Sénégal (VLF - Sénégal), un groupe de riposte à la COVID-19 a été constitué pour collecter et distribuer des denrées alimentaires, des masques et d’autres produits hygiéniques. Initialement composé de 5 organisations, le groupe de riposte en compte désormais 50.
De plus, des actions de sensibilisation dans les différentes langues nationales sont menées par ces organisations sur l’ensemble du territoire sénégalais, notamment par le biais de discussions sur les ondes des radios communautaires et du porte à porte. Certaines organisations ont également réalisé des capsules vidéo de sensibilisation qu’elles diffusent sur les réseaux sociaux.
Les organisations de femmes ont aussi souligné l’importance de sensibiliser les décideurs et décideuses politiques aux conséquences disproportionnellement élevées de la pandémie sur les femmes et les filles, et à la nécessité de mettre en œuvre des mesures d'atténuation adéquates.
Le projet VLF - Sénégal est déterminé à accompagner l’élan de ses partenaires pour lutter contre la propagation de la COVID-19 et limiter l’impact de la pandémie sur les femmes et les filles.
Un appui spécifique est offert pour faciliter la participation de nos partenaires à des émissions de radio et de télévision afin de sensibiliser la population sénégalaise aux impacts économiques et sociaux inégaux du coronavirus et de prévenir les violences basées sur le genre. Cette sensibilisation se fait en collaboration avec les leaders religieux, qui sont des acteurs incontournables au Sénégal pour la protection des personnes marginalisées.
Pour répondre à l’absence de prise en compte des impacts psychosociaux que la pandémie engendrerait chez le personnel soignant, largement féminin, le projet VLF - Sénégal appuie la mise en place d’une cellule d’écoute et d’orientation psychosociale qui leur sera réservée. Du matériel médical et des denrées alimentaires sont également mis à leur disposition.
Le projet soutient également la mise en place, par les organisations partenaires, d’une cellule d’écoute et d’accompagnement pour les femmes et les filles victimes de violences.
Enfin, un appui stratégique est offert aux organisations partenaires pour les aider à élaborer et à mettre en œuvre des actions de plaidoyer auprès des autorités nationales et locales, appelant ces dernières à inclure un nombre significatif de femmes dans les instances de gestion de la crise du COVID-19 et à prendre en compte les droits des femmes et des filles ainsi que la prévention des violences à leur encontre dans son plan de riposte.
Faites un don aujourd’hui à notre Fonds d’urgence - COVID-19, pour soutenir les efforts déployés par nos partenaires dans le monde entier.
Le projet VLF - Sénégal appuie les organisations et les réseaux communautaires de femmes qui œuvrent à la promotion des droits des femmes, au renforcement de leur pouvoir et à l’égalité des genres au Sénégal. Il bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.