Témoignage
À travers le programme Uniterra, mon rôle est de participer à l’amélioration du pouvoir économique des femmes et des jeunes. À travers leur autonomisation, je m’engage sur la voie du développement durable autant pour encourager les impacts positifs du tourisme au niveau social, économique et environnemental que pour assurer une continuité au travail réalisé. En ce sens, mon travail de coopérante en tourisme est donc de renforcer les capacités des acteurs et actrices de ce secteur d’activité, selon les besoins qui me sont communiqués. Cet article a donc pour but de vous présenter mon travail comme volontaire en tourisme, à travers la réalité du milieu. J’explorerai donc 4 questions importantes avec vous:
Je me propose donc de vous offrir quelques éléments de réponses qui, je l’espère, vous donneront une perspective éclairante du travail réalisé.
Selon les faits saillants de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) de l’édition 2017, depuis 60 ans, le secteur du tourisme est en croissance et est devenu l’un des secteurs économiques les plus importants1.
Toujours selon l’OMT, en 2016 :
-Les arrivées de touristes internationaux ont été de 1.235 millions à l’échelle mondiale.
-Les recettes du tourisme international ont augmenté de 2,6% en termes réels pour atteindre 1 220 milliards $US.
-Supérieure à la croissance du commerce mondial, le tourisme international représentait, à lui seul, 7% des exportations mondiales de biens et services.
-En matière d’exportation, à l’échelle mondiale, le tourisme se classait au 3e rang derrière la chimie et les carburants.
Donc, quelle part du gâteau reçoit le Pérou?
Selon le Tnews, le Pérou recevait 4 032 339 touristes étrangers en 2017, une augmentation de 7,7% comparativement à 20162. De son côté, Perú21 mentionnait, l’an dernier, que l’industrie touristique engendrait environ 1,3 millions d’emplois dans ce domaine, et que le PIB touristique contribuait à 3,9% du PIB national3.
Et la région de San Martín?
La région de San Martín, où je réalise actuellement mon deuxième mandat, reçoit pour le moment très peu de touristes étrangers. Je viens tout juste de recevoir les statistiques de 2017 et je vous confirme que 98% des touristes de la région sont nationaux, soit péruviens, sur un total d’un peu plus d’un million4. Donc, pour vous donner une idée, San Martín reçoit environ 0,7% de tous les visiteurs internationaux qui viennent au Pérou.
Ainsi, plusieurs défis restent à relever dans cette magnifique région et au sein de son industrie touristique. Toutefois, mon objectif demeure de travailler en équipe, de façon durable et dans une vision de développement commune, avec les étudiants et étudiantes universitaires en tourisme, les entreprises touristiques privées, le secteur public, différentes associations et une variété d’acteurs et d’actrices du secteur touristique.
Lors de mon premier mandat 2016-2017, j’étais conseillère en développement de produits touristiques, en partenariat avec la Chambre de commerce, de production et de tourisme de San Martín. Mon travail consistait, entre autres, à appuyer des communautés locales dans leur développement touristique. Un exemple concret de mon travail et de celui de mon collègue d’Uniterra, Christian Claveau, a sûrement été la réalisation d’un inventaire et catalogue touristiques de la province de Bellavista. Ce travail d’équipe s’est fait grâce à l’implication du Comité pour le développement touristique de Bellavista, la Municipalité Provincial de Bellavista et la participation d’étudiants, étudiantes et professeurs en tourisme de l’Université César Vallejo (UCV).
Pour vous faire connaître brièvement le travail réalisé à Bellavista, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous pour visionner la vidéo, traduite en français, qui a été tournée en 2017 avec Uniterra.
Lien: Bellavista
Mon mandat 2017-2018, comme conseillère en développement de produits et de modules de formation en tourisme avec l’UCV, consiste principalement à donner des ateliers de formation en anglais et en français sur des thèmes reliés au tourisme. Ces ateliers sont dédiés principalement aux étudiants et étudiantes universitaires en tourisme ainsi qu’aux professionnels du secteur touristique. Également, je travaille auprès d’entreprises touristiques locales pour améliorer leurs produits et services dans un contexte de développement touristique durable, et surtout responsable.
Je vous présente donc une autre vidéo à l’intérieur de laquelle je décris mon travail avec le programme Uniterra dans San Martín. J’en profite aussi pour remercier Kiara, diplômée en tourisme, de son témoignage sur ses apprentissages. La vidéo est en espagnol. Donc, pour ceux et celles qui auraient quelques difficultés à suivre la conversation, je vous invite à observer les photos ainsi que le magnifique paysage de Lamas. Dans cette province, nous appuyons, à travers des projets de l’UCV, au développement touristique de deux communautés rurales.
https://www.facebook.com/uniterraperu/videos/1904231353220264/
Crédits: Marie-Hélène Couette et Alfred Ruffner pour Uniterra (Tarapoto, 2017)
Selon l’OMT, dans de nombreux pays en développement, le tourisme représente l’option de développement durable la plus fiable5. Cette industrie peut bénéficier aux populations les plus pauvres à travers la création d’entreprises et d’emplois au sein de communautés locales.
En me référant à la même source de l’OMT, je vous présente donc quelques effets bénéfiques du tourisme dans des pays en développement. Je me permets également de compléter leurs propos à l’aide d’exemples concrets de mon travail au quotidien, dans la région de San Martín au Pérou.
D’abord, selon l’OMT, parmi les atouts particuliers des pays en développement, notons le climat chaleureux des gens, le patrimoine culturel riche, les paysages magnifiques et une abondante biodiversité. D’ailleurs, ces éléments se retrouvent souvent en milieu rural. Également, dans la région San Martín, plusieurs attraits et attractions touristiques se retrouvent dans des zones rurales. Je n’ai qu’à penser à l’observation de la faune et la flore, aux impressionnantes chutes d’eau, aux ateliers d’artisanat, aux rencontres avec les communautés autochtones, etc. La réalisation du catalogue touristique de Bellavista est un bel outil que nous avons développé et qui nous a permis, grâce à l’inventaire touristique, de connaître les attraits de la province, de rencontrer les gens, de découvrir leurs us et coutumes, de se familiariser avec la biodiversité, d’écouter de nombreuses légendes, etc.
De plus, toujours selon l’OMT, le tourisme est un secteur d’activité davantage accessible aux populations en situation de pauvreté, car plusieurs emplois demandent de faibles capacités et de petits investissements. Ainsi, l’accessibilité à l’emploi est davantage favorisée pour les femmes, les jeunes et les communautés autochtones. Selon le « Portal de Turismo de la Cámara Nacional de Turismo », au Pérou, les femmes représentent 67% de la main-d’œuvre en tourisme6. Le tourisme peut également être un complément de revenu à une activité économique importante. Par exemple, j’ai eu l’opportunité de travailler avec une association composée principalement de femmes. Elles géraient l’entrée pour accéder à une attraction touristique, la chute Huacamaillo. Mais également, certaines, sinon plusieurs d’entre elles vivaient d’agriculture.
Aussi, le secteur touristique est transversal. Il permet à différentes entreprises et secteurs d’activités de profiter de son émergence. Ainsi, que ce soit le domaine du transport, de la restauration, de l’hébergement, des attractions touristiques, ou encore l’agriculteur/agricultrice, l’artisan/artisane, le/la propriétaire du dépanneur du coin ou de la station d’essence, les dépenses des touristes peuvent bénéficier à un large éventail d’acteurs et d’actrices du milieu. L’un des besoins manifesté par plusieurs entreprises touristiques a été l’apprentissage de langues étrangères, principalement l’anglais. C’est pourquoi j’ai donné des ateliers en anglais du tourisme aux agences de voyage et aux étudiants et étudiantes qui travailleront, probablement, dans différents secteurs de l’industrie touristique.
Finalement, les interactions directes entre les touristes-consommateurs et les producteurs permettent de sensibiliser les uns aux autres à l’importance du développement durable, de la protection de l’environnement, de la préservation des traditions culturelles, de l’implication des populations locales dans le secteur économique, etc. Par exemple, nous sommes actuellement en train de mettre sur pied une charte éthique du touriste responsable, conjointement avec une association d’agences de voyage, la Asociación Peruana de Agencias de Viaje y Turismo (AVAPIT) San Martín. Bien sûr, même si l’objectif est de sensibiliser le touriste à voyager de façon responsable, cet outil permettra également aux agences de mesurer l’importance du développement durable en tourisme dans le respect des communautés locales, de leur culture et de leur environnement.
L’industrie touristique ne présente pas que de bons côtés et certains facteurs sont à prendre en compte dans l’objectif de réduction de la pauvreté. Comme le mentionne l’OMT dans son article, les imprévisibilités et les fluctuations de la demande selon les événements (économiques, environnementaux et sociopolitiques), la saisonnalité de l’activité touristique, l’impact sur les ressources essentielles (eau, énergie, alimentation, biodiversité, etc.) ainsi que les faibles liens avec les pauvres de par la nature des investissements touristiques et le possible manque d’engagement de ce groupe de population, peuvent entraîner une fuite des touristes vers d’autres destinations. D’ailleurs, l’un des défis de notre travail est l’engagement des acteurs et actrices du milieu au développement commun du tourisme communautaire. Effectivement, la décision de travailler en concertation pour s’impliquer dans le développement touristique durable demande une certaine organisation. Nous avons travaillé à la création de comités à l’intérieur desquels s’impliquaient des acteurs publics, privés, institutionnels, associatifs et des personnes intéressées par le tourisme. Nous savons que le tourisme durable a besoin d’une vision à long terme alors que la pression quotidienne pèse davantage sur le court terme7 (Gourija, 2017).
Évidemment, mesurer les impacts de mon travail uniquement à court terme serait faire fi d’indicateurs importants sur les moyens et longs termes. De plus, je travaille régulièrement en équipe, donc je ne pourrais isoler mon travail d’un tout. À court terme, je reçois bien sûr les commentaires et rétroactions de collègues ou de bénéficiaires suite à des ateliers et formations. Toutefois, il est parfois difficile d’évaluer objectivement, à court terme, les impacts possibles et surtout, leur durabilité.
J’offre des formations variées, parfois seule, parfois avec mes collègues d’Uniterra. Je peux donner des ateliers sur le concept même du tourisme, la réalisation d’un inventaire touristique, la pratique conversationnelle en anglais avec des situations concrètes qui se produisent dans le milieu touristique : se présenter, prendre une réservation d’hôtel, gérer une plainte, donner des conseils aux touristes, servir de la nourriture au restaurant, donner des directions géographiques, décrire une attraction touristique et la vendre, etc. Parfois, notre rôle n’est pas seulement de renforcer le savoir-faire, sinon de travailler sur le savoir-être, encourager la confiance en soi, en leurs capacités.
Nous identifions les besoins des entreprises touristiques privées et tentons non seulement de répondre à leurs nécessités, mais d’établir durablement des solutions concrètes. Ainsi, ce sont des entrepreneurs touristiques locaux qui nous avaient mentionné leurs besoins en apprentissage de l’anglais. Également, ils avaient mentionné un intérêt à améliorer leurs compétences en marketing, ce qui a donné lieu à l’organisation d’un séminaire sur les tendances en marketing touristique, réalisé en septembre 2017, avec ma collègue d’Uniterra, Marie-Hélène Couette, accompagnées d’étudiants et étudiantes en tourisme.
De son côté, la charte éthique du touriste responsable m’apparaissait quelque chose d’important en raison de situations vécues et vues dans la région et dans le pays. Ceci étant dit, nous la travaillons en collaboration avec APAVIT pour qu’elle soit le plus personnalisée possible à la réalité de la région. Elle sera distribuée de façon à rejoindre la clientèle et les acteurs et actrices de l’industrie touristique.
Je vous présente ci-dessous une vidéo réalisée par mes « étudiantes » et « étudiants » durant leur atelier d’anglais du tourisme, pour la Journée internationale des femmes. Ils et elles dédient un message à une femme du milieu touristique qui les inspire!
https://www.facebook.com/uniterraperu/videos/1914724162170983/
Crédit: Marie-Hélène Couette pour Uniterra, Tarapoto, 2018
Vous savez, parfois nous travaillons avec des populations qui n’ont accueilli que peu sinon jamais de touristes étrangers. Alors, lorsqu’il s’agit d’évaluer le potentiel touristique de leur communauté, il leur est parfois difficile d’identifier tous les intérêts ou attraits possibles. Ce qui peut leur sembler une activité « sans intérêt » de leur quotidien (agriculture, préparation de repas locaux, etc.) peut représenter un potentiel incroyable en tourisme communautaire. J’ai moi-même vécu l’expérience avec mon équipe de travail dans une communauté. Nous circulions le long de terres agricoles, ou plus précisement, de champs de riz. Mon intérêt pour la culture du riz les a surpris parce qu’ils n’avaient pas envisagé qu’un ou une touriste puisse s’y intéresser. Il en est également ainsi avec les traditions et l’artisanat. Le tourisme permet d’une certaine façon à l’artisan de comuniquer et démontrer son savoir et aux traditions de se partager.
Comme je le mentionnais plus haut, le secteur touristique représente une opportunité économique pour les femmes, les jeunes et les communautés autochtones. De par mon travail, je vois des femmes s’impliquer dans des associations, participer activement aux rencontres de comités, diriger des entreprises, représenter la sphère publique, gérer des projets, participer à mes ateliers, etc. Le travail que nous réalisons est d’autant plus important à continuer en raison du lien confiance qui se crée et de l’ouverture qui s’ensuit. S’il est parfois difficile d’évaluer les impacts à court terme en tourisme, nous pouvons nous assurer de bien mettre la table pour le moyen et le long terme.
Pour terminer, j’espère que cet article vous aura éclairé davantage sur mon travail de coopérante en tourisme au Pérou. Je souhaitais vous présenter l’évolution de l’industrie touristique à l’échelle macro et micro, mes mandats en tourisme, mon travail concret dans la région San Martín et les impacts observés et à suivre! Évidemment, le concept du « petit train va loin » prend tout son sens lorsqu’il s’agit de créer ou d’implanter des changements durables. N’oublions pas que la ressource la plus importante de notre travail, ce sont les gens, jeunes, femmes et hommes avec lesquels nous travaillons. Et ce sont ces mêmes gens, un jour, qui auront le plus gros impact sur le développement touristique de leur communauté.
Comme dessert, je vous présente une vidéo touristique de la région San Martín réalisée dans le cadre du Salon International Tourisme Voyages de Montréal, en octobre 2017. Bon visionnement!
https://www.facebook.com/uniterraperu/videos/1847258502250883/