Témoignage
Je me lève, me prépare, déjeune et vais chercher mon café au Tim Hortons le plus près si je suis en campagne, ou à la Brûlerie si je suis à Québec. Je m’installe, dehors si la température le permet, ou dedans avec de la bonne musique s’il fait trop frisquet. J’ouvre mon ordinateur et je commence par prendre connaissance des courriels, toujours impatiente de savoir si j’ai des nouvelles du terrain : un nouveau document interne à l’organisation partenaire à lire, des réponses au sondage que j’ai soumis à mon point focal pour diffusion, des informations que j’avais demandées, une communication, etc.
Je trouve et lis la documentation, soit sur Haïti et son contexte, soit sur la conception d’un plan d’affaires. Puis forte de ces informations, j’élabore le matériel de formation en plan d’affaires destiné aux ateliers de l’Association Nationale des Transformateurs de Fruits (ANATRAF), ainsi que l’exemple de plan d’affaires qui sert de soutien à mon matériel de formation. Comme j’ai choisi de construire un plan d’affaires d’un atelier fictif de l’ANATRAF, dans le souci de coller le plus possible à la réalité des ateliers membres de l’ANATRAF, je pose régulièrement des questions à mon point focal et je demande certaines précisions. Cela peut prendre plus ou moins de temps avant d’avoir les informations nécessaires. Il faut donc être patiente et savoir laisser des espaces libres et continuer dans ce dans quoi on peut avancer pour y revenir plus tard, quitte à avancer dans le désordre. Effectivement, une information ou un document nécessaire à l’avancement des travaux peut prendre plusieurs jours, et parfois plusieurs semaines à recevoir. Le contexte du pays de mon organisation partenaire y est pour quelque chose. Effectivement, la situation sécuritaire force des fermetures temporaires du bureau de l’ANATRAF à Port-au-Prince, et des barrages des groupes armés empêchent parfois les membres de s’y rendre. C’est pourquoi il faut être parée à travailler en autonomie lorsque l’on s’engage dans un mandat à distance, et être flexible. Par exemple, la connexion internet pouvant être plus instable en Haïti, il faut savoir s’adapter aux moments qui conviennent le mieux à nos partenaires situés dans le pays.
En ce qui concerne la recherche d’informations et de données précises, par exemple pour faire la section marketing d’un plan d’affaires, avec l’étude de marché que cela implique, cela représente un défi lorsque l’on travaille avec un pays comme Haïti. Effectivement, les données sur le marché de ce pays ne sont pas disponibles sur les bases de données traditionnelles en marketing comme MarketLine et Passport, et il y a très peu de données, quand ce n’est pas une cruelle absence de données sur les sites gouvernementaux. Ainsi, il faut mettre à profit ses capacités de recherche, en multipliant les lectures dans des documents variés trouvés sur le Web. Il faut aussi poser des questions directement aux personnes vivant en Haïti sur des éléments tels que les habitudes de consommation des Haïtien.ne.s, le revenu moyen des classes sociales, etc., tout en sachant que normalement ce sont des enquêtes qui sont chargées de rendre compte de ces informations.
Dans la semaine, plusieurs rencontres virtuelles ont lieu. Pour ma part, à tous les mardis après-midi j’ai une rencontre avec tou.te.s les coopérant.e.s volontaires nationaux.nales et internationaux.nales, organisée par le directeur du bureau du Centre d’Étude et de Coopération Internationale (CECI) en Haïti. Les coopérant.e.s vivant en Haïti et ceux et celles vivant au Québec se retrouvent donc pour faire état de leur avancement depuis la rencontre de la semaine précédente. Ils et elles peuvent aussi utiliser cette occasion pour demander de l’aide à propos de certains sujets ou certaines responsabilités de leur mandat. En outre, durant ces rencontres, le directeur du bureau du CECI en Haïti fait le point sur la situation sécuritaire au pays, et sur les dernières actualités en rapport avec le CECI.
Aussi, il y a les rencontres bimensuelles avec l’organisation partenaire, durant lesquelles sont réuni.e.s la responsable du programme de coopération volontaire (PCV) au bureau de Montréal du CECI, le directeur du bureau du CECI en Haïti, les deux coopérantes volontaires qui travaillent avec l’organisation partenaire (dont je fais partie), mon point focal à l’ANATRAF ainsi que le point focal de ma collègue coopérante volontaire à l’ANATRAF. Au cours de ces rencontres, c’est l’occasion de partager nos avancements, d’énoncer nos besoins d’informations, de documentations ou d’assistance pour telle ou telle tâche. C’est aussi l’occasion de communiquer sur de possibles difficultés et de tenter de les résoudre ou de les atténuer.
En dehors de ces rencontres bien définies dans le temps, il y a des communications et des rencontres avec mon point focal. Ce peut être une conversation téléphonique par WhatsApp, des échanges de courriels ou de textos. J’ai la chance que mon point focal soit plutôt disponible et disposé à entrer en communication avec moi assez rapidement. J’ai aussi droit à des réponses bien détaillées et des mises en contexte lorsque j’ai des questionnements, ce qui m’aide à adapter la formation à la réalité haïtienne et de l’organisation partenaire.
De plus, il y a occasionnellement des rencontres avec la cohorte de coopérant.e.s volontaires académiques, et on a même eu droit à une présentation d’un ex-coopérant volontaire académique qui nous a fait part de son expérience, ce qui était très apprécié.
Des rencontres peuvent aussi avoir lieu entre la responsable du PCV à Montréal et les coopérantes qui travaillent au sein de l’ANATRAF ou tout simplement entre ces coopérantes. Et si besoin il y a, nous avons la possibilité de rencontrer des personnes-ressources au sein du CECI, pour un appui à propos de sujets en lien avec nos responsabilités, ou en lien avec le contexte haïtien par exemple.
Au milieu de ma journée de travail, après avoir mangé, je vais prendre une grande marche avec mon chien, au bord du fleuve, dans les champs ou dans les bois le plus souvent. Requinquée, je peux retourner à mon travail et continuer à avancer dans mes responsabilités. Le travail est très varié. Il y a beaucoup de travail de recherche, incluant beaucoup de lectures. Il y a de la rédaction, de la création et de la conception de vidéos. Finalement, il y a aussi les différents rapports à rédiger pour notre superviseur à l’université Laval. Un mandat en développement d’entreprises est donc très stimulant puisque loin de la monotonie des tâches répétitives.
Comme vous avez pu le constater, bien que le mandat soit à distance, nous ne sommes pas laissé.e.s à nous-même et avons tout de même une bonne dose de contacts avec d’autres personnes et avec le terrain, d’une certaine manière. Ainsi, si vous aimez être libres de vos horaires et travailler d’où vous le voulez avec une relativement grande autonomie, et que vous savez vous discipliner pour réaliser les 35 heures / semaine, un mandat à distance peut être une expérience très agréable.