J'ai entamé mon mandat de conseillère en communication et plaidoyer à la Table Filière Karité (TFK) à un moment charnière pour cette organisation : l'élection d'un nouveau bureau.
Après tout juste quelques semaines à découvrir les rouages de cette interprofession qui regroupe les trois maillons de la filière karité du Burkina Faso (production, transformation et distribution), j'ai eu la chance de faire la connaissance des personnes clés de l'organisation à l'occasion de cette élection. Venus des quatre coins du pays, ces hommes et ces femmes, leaders sur le marché du karité au Burkina, étaient réunis pour renouveler leurs instances dirigeantes. C'est cette journée que j'ai compris que si j'avais beaucoup à offrir à l'organisation en matière de systématisation de pratiques et d'élaboration d'outils de communication, j'avais également beaucoup à apprendre de ces acteurs en matière de stratégie d'influence, dans un contexte bien différent de celui auquel j'étais habituée en Amérique du nord. En effet, en découvrant le bureau désigné, et plus particulièrement la Présidente qu'ils se sont donnés, je peux dire avec le recul qu'ils avaient tout compris!
Ce jour-là, en lieu et place d'une représentante du maillon de la production, c'est Hadja Mamounata Velegda, PDG des Établissements Velegda, distributrice, qui a été élue Présidente, plébiscitée par l'ensemble des maillons (en principe, les statuts de la TFK prévoient une alternance des représentants de chaque maillon à la tête de la TFK à chaque trois ans).
Les deux années passées aux côtés de cette équipe m'ont ainsi donné la chance de découvrir cette femme d'affaires exceptionnelle, d'une intelligence redoutable, d'une simplicité et d'un sens de l'équité manifeste. Hadja Velegda peut, pour qui ne sait pas qui elle est, sembler être une femme parmi tant d'autres… Toujours très bien habillée en vêtements traditionnels, moréphone (le moré étant la langue de l'ethnie Mossi), elle fait l'effort de parler le français uniquement quand elle n'a pas le choix ; analphabète, elle a commencé sa carrière comme petite commerçante sur les marchés en province. En 2011, quand je l'ai connue, malgré ce modeste background, elle régnait de main de maître sur une entreprise florissante. Se hissant ainsi à la place de deuxième plus grande femme d'affaires du pays! Dans un pays où les hommes dominent le marché, particulièrement chez les commerçants, on réalise à quel point le chemin a dû être difficile et semé d'embûches.
Pour l'avoir observé travailler, cette femme que le papier n'interpellait guère, avait cependant tout pour réussir : un esprit d'entrepreneure chevronnée, une capacité de prise de décision rapide et une capacité d'analyse aussi mystérieuse pour moi que précise. Toujours en action, entre deux rendez-vous, avec le… que dis-je, LES téléphones à l'oreille, elle réussissait malgré tout à accorder le temps et l'attention désirée aux personnes en présence.
Ce qui m'a particulièrement marqué chez elle a été sa façon d'avoir su s'entourer, et réellement déléguer différentes tâches pour mener de front toutes ses activités. Cela, autant au sein de son
entreprise, que pour ce qui relevait de la TFK. En effet, en tant que Présidente, elle avait ultimement le droit d'avoir le dernier mot sur les affaires courantes, mais elle a su s'entourer des personnes clé de la filière et leur accorder une place à part entière dans les affaires de la TFK. C'est un enjeu particulièrement important dans une interprofession telle que la TFK, car les intérêts sont souvent
divergents entre les différents maillons. Ainsi, sous le leadership et grâce au pouvoir d'influence de Hadja Velegda, la TFK a mené différentes actions de plaidoyer avec une écoute attentive des diverses institutions concernées.
Les acteurs de la TFK savaient en plaçant cette femme à leur tête qu'ils seraient plus écoutés et respectés, mais également, que dans les temps de difficultés, Hadja Velegda saurait soutenir l'organisation et éviter les conflits par sa capacité de concertation.
Merci à l'ensemble des acteurs de la filière avec qui j'ai été amenée à travailler de près ou de loin pour leur accueil toujours chaleureux, leur ouverture aux nouvelles propositions et à la confiance qu'ils m'ont accordé le temps que j'ai été à leurs côtés.