Un mois au Mali : trois mots pour faire partie de la famille

Mali
Publié par : Éléonore Durocher Bergeron
Un mois s’est écoulé depuis le moment où j’ai posé mes pieds sur le tarmac de l’aéroport de Bamako. Je vous ai partagé quelques-unes de mes rencontres, mais aujourd’hui, j’ai envie de vous partager un petit bout de mon récit de voyage en quelques mots-clés.

Diatiguiya

Diatiguiya signifie « hospitalité » en Bambara. Avant mon arrivée, des amis ayant déjà visité le Mali m’avaient prévenue de l’accueil sans pareil dont je bénéficierais. On m’avait aussi prévenue de la « piqure » qui surviendrait après quelques jours. Après un mois, je ne peux que corroborer ces faits : je me sens un peu chez moi au Mali. Que ce soit au bureau ou chez nos amis, les invitations à découvrir des marchés, des ateliers, des associations ou autres sont nombreuses. Les gens sont fiers de nous faire découvrir leur culture et aiment encore plus quand on leur partage des anecdotes du Canada. On nous accueille ainsi à bras ouverts. Il n’est pas rare non plus de se faire inviter à prendre le repas dans une famille d’une amie ou d’un ami nouvellement rencontré ou même de se faire approcher pour prendre le thé et participer au « grin » par des inconnus dans la rue. Oh, en passant, le « grin », ça se passe devant une boutique, une maison, une échoppe, bref un peu partout. Les maliens (surtout) et les maliennes s’y retrouvent pour discuter de l’actualité et se donner des nouvelles, et ça peut durer des heuressssss.

Faux baptême

L’hospitalité malienne c’est aussi se faire baptiser après une semaine. En effet, la tradition veut que les étrangers reçoivent un nom bien d’ici. Le mien est devenu Fatoumata Diarra. Diarra, c’est le nom de famille de Modibo, le vaillant chauffeur du CECI qui s’assure toujours que l’on soit bien installé et avec qui j’ai toujours de fort intéressantes discussions sur la politique et l’actualité malienne. Je suis donc devenu sa sœur en empruntant son nom. Fatoumata, c’est le deuxième prénom de Tenné, une collègue que j’apprécie énormément, une malienne qui a longtemps vécu au Québec et qui de surcroit adore avoir des amies québécoises ici! Avec le nom malien, vient aussi maintenant l’obligation de prononcer les salutations en Bambara. De fait, le rituel des salutations en est un des plus importants ici et nul ne peut y échapper, encore moins, quand on s’appelle maintenant Fatoumata Diarra! Ici, on ne se contente pas d’un simple bonjour, on demandera des nouvelles de la famille, de la santé, des enfants, des affaires, etc. Parfois, je peux saluer une personne pendant une bonne dizaine de minutes, et c’est tout à fait normal! Ces fameuses salutations se reproduisent aussi souvent que l’on rencontre des personnes que l’on connait (et même que l’on ne connait pas!).

Senenkounia

Lorsqu’on a enfin un nom malien, on entre dans la tradition du cousinage à parenté, communément appelé Senenkounia. Vous allez me dire, mais qu’est-ce que c’est que ce truc de cousinage? Et bien, c’est une sorte de pacte d’alliance entre les membres d’ethnies différentes. Ainsi, deux Maliens qui sont liés par un tel pacte ne peuvent jamais se refuser quoi que ce soit. Inversement, si deux ethnies ne sont pas liées, on entendra l’une dire en rigolant à l’autre que c’est son esclave, qu’elle sent mauvais, qu’elle est abrutie, etc. Quand on est habitué, c’est très rigolo, mais quand on ne sait pas, on peut trouver très offensant de voir un jeune insulter une personne âgée, avant de comprendre que c’est une blague de cousinage! Donc, pour illustrer le tout, dans mon cas, depuis un mois, je suis senenkoun des Traoré. En prenant un autocar, je m’assois à côté d’un cousin, je cause, je lui offre une orange, par gentillesse interfamiliale. Par contre, les Diabaté, comme ma collègue Hélène qui s’est ainsi fait baptiser, sont devenus mes « esclaves » (au sens très figuré du terme). Ainsi, je peux leur demander à la blague de faire des corvées pour mon compte, et ainsi de suite. Au terme de mon premier mois, je me plais bien à décrocher mon téléphone en entendant un naturel « Hey Fatou, I ka Kene (comment ça va)? ». Finalement, atterrir au Mali, c’est arriver directement dans une nouvelle famille, une famille très élargie où tout le monde devient ton frère, ta sœur, ton cousin, ta cousine, ta tantie ou ton tonton. Et ça, ça crée tout un accueil chaleureux!

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