Un Étude de cas, la Ferme écologique de Mr. Ibrahima Gning dans la région des Niayes, Sénégal

Sénégal
Publié par : Helena Arroyo
Introduction L’AUMN (Association des Unions Maraîchères des Niayes), où je suis conseillère en environnement cette année, est engagée à promouvoir les techniques agro écologiques parmi ses Unions et producteurs. Pour ce faire, l’utilisation de un bon modèle de producteur est primordiale. Dû a plusieurs facteurs tel que la proximité de Thiès, l’expérience de plusieurs années, de bonnes pratiques et la disponibilité des propriétaires, la ferme de Mr. Gning Niayes maraîchères a été choisie. Cette exploitation familiale est prise comme modèle pour des visites de formation, pour faire des essaies et pour l'étude de cas présente. Par contre, vu que c’est une exploitation familiale et qu'elle a beaucoup évoluée avec le temps, toutes les données techniques ne sont pas disponibles au moment d’écrire cette étude. De recommandations de suivi de prise des données et de calcules d’ordre économique seront faites et des futures conseillères ou stagiaires de l’AUMN pourront compléter les données manquantes ou refaire des versions de l’étude de cas dans le future. La ferme de Mr. Ibrahima Gning a une superficie de 9 hectares, dont 4 sont exploités. La surface exploitée avec chaque culture est variable d’année en année, puisqu’il fait des essais et s’adapte au marché ainsi qu’aux contraintes climatiques. M. Gning a démarré l’exploitation de la ferme en 1997. Cette dernière est située à l’extérieur de la Ville de Thiès, sur la voie de contournement Nord, dans la zone des Niayes. Elle fait partie d’une des 18 unions de l’AUMN (FENAGIEH). La ferme de Mr. Gning a été visitée quatre fois avec des groupes afin de l’utiliser comme exemple de ferme écologique; pour la formation sur les bases de l’agriculture écologique avec le Synapse et avec le PADEN-AUMN, pour une visite avec les représentants de l’Ambassade du Canada et le groupe IPMT et finalement deux fois pour faire une entrevue d’étude de cas. Fertilisation et techniques écologiques Il n’y a aucun fertilisant chimique dans les cultures. Il utilise un compost fait sur place avec les fientes de ses poulets de chair, les bouses d’animaux et la matière végétale. Il ajoute du neem au besoin comme produit de contrôle des nématodes. Il achète les bouses d’épuration d’ONAS (Office National de l’Assainissement du Sénégal), à un cout très bas et il les fait transporter par un camion. Il en fait l’achat deux fois par année : une avant l’hivernage et une après  (l’époque de pluie). Il trouve que la production est de meilleure qualité grâce à ce compost. Il laisse certains arbres (manguiers, rôniers, etc.) parmi les cultures pour diminuer l’impact direct du soleil. Il utilise des Euphorbias et des arbustes comme haies vives au périmètre de son champ. Il a redésigné le placement des oignons dans les rangées. Chaque plant est placé à côté des trous d’irrigation goûte à goûte et pour augmenter le nombre de rangées utilisées et diminuer la consommation d’eau, il a enlevé une gaine (les tuyaux d’irrigation), mais il a augmenté le nombre de plants. Il change la surface cultivée à chaque année, ses intentions sont de l’augmenter. Contrôle phytosanitaire Il y a différents problèmes des plages et des maladies qui sont typiques de la région. Mr. Gning priorise des plantes résistantes. Par exemple, il n’as pas besoin de rien mettre sur les oignions, mais dans les pommes de terre il utilise une solution de neem. Il arrose au besoin à titre préventive et aussi pendant l’hivernage quand il y a des maladies. Les rongeurs posent des problèmes pour les aubergines, les pommes de terre et le manioc, mais pas pour les tomates, ni les oignons. M. Gning priorise les plantes qui ne vont pas les attirer, puisqu’il a essayé de poser des trappes, mais considère qu’il y en a trop. Les oiseaux s’attaquent aux mangues et aux tomates. Parfois, les singes rentrent pour manger certaines plantes telles les aubergines. Il les éloigne avec la présence humaine et celle de deux chiens. Il utilise des solutions de neem (Azadirachta indica), d’ail, de piment et de poftan (pomme de Sodome en français, Calotropis procera). Pour la solution de neem, il récolte les feuilles (9kg) entre 11 h et 12 h, le moment où elles sont le plus actives. Il les pile dans un mortier, les laisse dans l’eau (30 litres) pour 24 h et les filtre. La solution est pulvérisée sur les feuilles. Le résidu des feuilles est utilisé comme engrais à titre de nématicide. Matériel et coûts de production Mr. Gning a fait des investissements en matière d’équipement d’énergie solaire, de puits, de batteries et aussi dans le système d’irrigation en goutte à goutte. Pour le système d’irrigation, il a essayé trois modèles de gaines, pour réussir à trouver la plus résistante aux rongeurs (en plastique dur). Maintenant, il enterre les tuyaux plus durs pour éviter les dommages, il laisse seulement les goutteurs à l’extérieur. Il ouvre les goutteurs a chaque jour à différents temps selon les besoins, le climat, la quantité de plantes, etc. Les goutteurs donnent 8 litres d’eau par heure chaque. Typiquement, il les ouvre entre 30 et 45 minutes par jour. C’est suffisant pour bien mouiller le sol pour toutes les ranges d’oignon. Il enterre les tuyaux pour éviter les dommages causés par les rongeurs Il a un puits de 30 mètres de profondeur et une tour de rétention. L’eau est située entre 12m et 18m dans son terrain. Le terrain de Mr. Gning comporte 6 panneaux d’énergie solaire, 6 batteries (avec une durée de 5 ans) et une motopompe. Il a deux employés à temps plein et lui-même ainsi que son fils Mohammad Gning sont présents à chaque jour également. Calendrier de production et des activités Au début janvier 2017, les semences d’oignons ont été semées dans des pépinières en ciment, couvertes par une toile moustiquaire et aussi à l’extérieur sur la terre. Avant le repiquage, il a fait la préparation de la terre : nettoyage de la parcelle, arrosage, creusage et ajout de compost organique qui est couvert avec la terre argileuse de bonne qualité présente dans la région. À la fin février 2017, les oignons des pépinières ont été repiqués, et ça pour une période de 2 semaines (ce aurait pu être fait avant, mais il n’était pas prêt à le faire). À la fin du repiquage, les gaines sont enterrées. Il garde les oignons dans une place de stockage par terre pour permettre une bonne aération. Pour les oignons plantés en juillet et repiqués en septembre, il arrête l’arrosage le 20 février. De cette façon, l’eau descend des feuilles au bulbe. En 2016, il a semé les oignons en août, pour les repiquer en octobre et les récolter en février. Il planifie de faire la vente en juin. La récolte de la variété Violet a commencé le 26 février. Les oignons peuvent être conservés jusqu’à 8 mois (plus longtemps que si cultivé de façon conventionnelle). Donc, ils sont vendus au moment de la Korité (fin juin) ou même à la Tabaski (septembre) pour réussir à avoir de très bons prix. En ces périodes, il n’y a pas une grande production dans les marchés. En avril, ils font le défrichage des champs pour l’hivernage. En septembre, c’est le démarrage de la production de poulet de chair. Production Il vend sa production au marché central de Thiès, dans des boutiques de son quartier et à des particuliers.  En 2016, sa production d’oignons Violet de Galmi a été de 650 kilos. Il a vendu 26 sacs de 25 kg. Il vend ses oignons dans les périodes où ils sont moins présents dans les marchés.  A différents années il a déjà produit des aubergines, tomates, pommes de terre, etc.  Il a un verger de mangues avec environ 200 arbres. La production se déroule de juillet jusqu’en octobre-novembre. Il ne connaît pas sa production pour 2016 parce qu’il a beaucoup donné. Mais il a aussi vendu aux exportateurs et il va calculer la production cette année.  Il produit des citrons, il pense planter plus cette année.  Il a des plantes pour sa consommation personnelle : fines herbes telles que la menthe et le persil, des grenades, des navets, des fruits de baobab, des oranges, des anacardiers, des ditakh, des cocotiers.  Mohammad Gning, son fils, s’occupe de faire trois cycles d’élevage de poulets de chair en début de saison sèche. Il fait un cycle en septembre, un en octobre et un en décembre. Les cycles peuvent durer 35 ou 45 jours. Il élève entre 200 et 300 poulets à la fois.  Il y a eu des ruches dans le passé, mais les abeilles ont attaqué un employé et l’ont piqué plus de 30 fois, ce qui a découragé les projets en apiculture qui ont été enlevés. Projets 2017 Mr. Gning a des projets de culture de maïs et de tomate dans le temps d’hivernage. Il va avoir la production de maïs prête 2-3 semaines avant le début de l’hivernage, ce qui peut lui procurer les meilleurs prix. Il planifie aussi de se lancer dans la production de tomates et de laisser les aubergines (prix bas et trop de ravageurs). Il planifie aussi de vendre sa production des mangues à la place plutôt que de la donner en cadeau. Recommandations et leçons apprises Mr. Gning utilise des techniques écologiques, il n’a recours ni à des engrais ni pesticides chimiques. Il fait des essais d’espèces, de variétés, de surfaces cultivées et de techniques. Il maintient en bon état ses équipements et il investit dans l’amélioration de son système d’irrigation et d’énergie. Parmi les recommandations à sa production : • Acheter des semences paysannes ou biologiques • Avoir un meilleur système d’éloignement des singes (avec les chiens ou l’émission des bruits) pour diminuer les pertes et éviter d’avoir à les tuer • Faire des essais d’autres variétés dans les places non utilisées de son terrain tel des arbres fruitiers • Réessayer l’apiculture, mais placer des ruches dans la section du verger, le plus éloigné des aires de travail possible Par rapport à la gestion de son entreprise : • Avoir un meilleur système des informations de dépenses et gains. Le fait que les données des entrées soient insuffisantes ne permet pas d’avoir une conclusion des entrées totales. Conclusion Le producteur considère que sa ferme est assez rentable pour faire vivre une famille. Par contre, il a beaucoup investi en matériel. Il pense récupérer son investissement dans un an environ. Même s’il a commencé en 1997, les modifications ont été faites de façon très graduelle. Il voit un grand avantage général dans sa qualité de vie et la santé de sa famille. Le terrain est un oasis de biodiversité proche de Thiès, les oiseaux, insectes et plantes indigènes sont présentes en abondance. La présence d’arbres donne un climat plus frais et facilite les travaux des employés. Plusieurs organismes et cours de formation ont pris la ferme comme modèle, autant pour former des élèves pendant des visites que pour faire des tests, essayer des techniques et faire le monitoring des ravageurs. M. Gning est très accueillent et ouvert à donner de son temps et de son expérience aux visiteurs de toutes sortes, spécialement s’ils sont intéressés à en apprendre plus sur les techniques écologiques. La ferme de Mr. Gning est un exemple pour les autres producteurs de l’AUMN, et elle peut servir comme terrain de formation et d’essai de nouvelles techniques.

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