« Tu fais partie de la famille »

Burkina Faso
Publié par : Céline Moiny
J'entends souvent des gens me dire que je suis très courageuse et généreuse de partir régulièrement en Afrique de l'Ouest pour divers projets de solidarité internationale. Parfois, ces mots m’irritent, parfois ils me font rire. Selon moi, il faut simplement avoir la volonté de sortir de sa zone de confort, d'être prêt à s'ouvrir à l'autre, et surtout à soi-même. Chaque expérience sur le terrain me fait grandir davantage; la passion qui m'anime et les rêves que je couve secrètement, sont le fruit de toute la générosité, de la chaleur humaine et des portes qui m'ont été ouvertes sur des communautés en or. J'aimerais trouver les mots parfaits pour partager avec vous mes expériences, ce qui m'anime et me fait vibrer. J'aimerais vous parler de la beauté des pays, de la richesse des cultures, de la générosité des peuples. J'aimerais vous parler d'amour, mais aussi d'injustice, d'amitié et de souffrance, d'espoir et de résilience. J'aimerais vous faire voir, entendre, sentir, et goûter cette Afrique qui m’imprègne chaque fois un peu plus. J'aimerais vous partager mes pincements au cœur et mes éclats de rires. Il y a quelques semaines, en faisait du ménage, j'ai remis la main sur des tenues africaines reçues de personnes que je n'oublierai jamais. Ces trouvailles ont ravivé en moi milles souvenirs. Des tissus multicolores qui me ramènent plusieurs années en arrière, lors de mes premiers séjours en Afrique, et qui me projettent dans ma prochaine aventure au Sénégal. Ils me rappellent le jour où ma mère d'accueil sénégalaise m'a offert ma première tenue traditionnelle et où, timidement, j'ai du sortir la tête dans le cadre de la porte pour l'appeler à mon secours afin qu'elle me montre comment attacher un pagne. Je me souviens des applaudissements et des rires des femmes lorsque je suis sortie de la chambre habillée de ce précieux cadeau. Ces tissus me ramènent également au dernier jour dans ma famille d'accueil au Burkina Faso, où l'une des femmes est venue me rejoindre dans la chambre alors que je faisais mes valises. Elle m'a demandé d'apporter sa tenue couverte de broderies, la seule qu'elle possédait. Je me souviens d'avoir maladroitement tenté de la convaincre de garder cette précieuse étoffe et de l'avoir finalement déposée dans ma valise en la remerciant, la voix tremblante. Cette manière symbolique de souligner la fin de mon séjour en m'offrant avec fierté une tenue typiquement africaine, c’était un peu comme recevoir le maillot d'une équipe de "foot" (soccer). C'était une manière de me dire que maintenant, je faisais partie des leurs, « Tu fais partie de la famille », comme on dit au Québec. Que malgré ma peau claire, ma maladresse autour du bol commun lors des repas, ma phobie des souris et des scorpions, mon wolof ou mon dioula mal prononcé, j'étais maintenant une Diop ou une Toé, blanche un peu noire, étrangère un peu plus africaine! Elles me disaient surtout que mon intégration était réussie. Je plie mes tenues les yeux humides, sourire aux lèvres. Ces familles, ces amis me manquent et je ne trouverai jamais les mots pour les remercier suffisamment de m'avoir ouvert une porte sur leur famille, leur culture, le monde et, par dessus tout, sur l'amitié! CelineMoiny_Pagne

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