Avec près de 15 millions d’habitants en 2017, le Sénégal connaît encore une forte dynamique de croissance démographique. La population à dominante jeune est confrontée aux possibilités limitées d’accès aux services sociaux de base et d’insertion dans le marché du travail. La question de l’emploi demeure actuellement la première priorité des ménages et des politiques publiques. Le secteur informel contribue à hauteur de 55% au PIB et est considéré comme un « secteur refuge » permettant de capter toutes les initiatives de créations d’emplois. L’emploi informel représente 60% des emplois non-agricoles et s’accentue avec l’urbanisation. L’insuffisance du capital humain demeure un des facteurs explicatifs de la faiblesse de la productivité. Dans le domaine de l’enseignement technique et de la Formation professionnelle, les efforts consentis restent insuffisants. La région de Dakar concentre toujours la majorité des effectifs inscrits (62,5%).
Ces constats ont poussé le gouvernement Sénégalais à adopter depuis 2014, un nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l’émergence. Cette stratégie, dénommée Plan Sénégal Émergent (PSE), constitue le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme. Articulé autour de 3 axes (Transformation structurelle de l’économie et croissance ; Capital humain, protection sociale et Développement durable ; Gouvernance, Institution, Paix et sécurité), le Gouvernement engage des ruptures qui permettront à terme d’inscrire durablement le pays sur une nouvelle trajectoire de développement. La vision étant celle « d’un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit ». Pour engager le Sénégal dans cette trajectoire, le gouvernement a entrepris, grâce au soutien des partenaires techniques et financiers, d’importantes réformes du système éducatif. C’est donc dans l’optique d’appuyer le Gouvernement que l’ONFP n’est pas resté en marge des préoccupations et défis présentés dans le PSE pour faire face aux nouveaux défis et enjeux de développement au Sénégal.
À titre de rappel l’ONFP est un établissement public à caractère industriel et commercial qui régit toutes les politiques en matière de formation professionnelle au Sénégal. L’office travail sur 4 services principaux (Formation, Documentation & Édition, Recherche dans la formation professionnelle, et Construction de centres de formation professionnelle).
Alors comment la formation professionnelle contribue à l’émergence du Sénégal ?
Au niveau de la Formation, au cours des cinq dernières années, L’ONFP a adopté une nouvelle démarche en optant pour des formations qualifiantes, susceptibles d’améliorer fortement l’insertion professionnelle des formés. Corolairement à ses qualifications et pour répondre aux attentes du PSE, l’ONFP s’est impliqué dans deux programmes qui ont été créé dans le sillage des grands programmes de l’État. L’objectif est de favoriser l’emploi de la main d’œuvre locale dans le cadre de ces investissements, en donnant la qualification requise aux demandeurs d’emploi. Toutes les formations données par l’office permettent de réduire le chômage, réduire les mouvements d’exode rural dont souffrent certaines localités, donner la possibilité à plusieurs femmes, aux handicapés, et aux jeunes d’être qualifiés et autonomes.
Au niveau de la Documentation et Édition l’ONFP à édité en 2015, un manuel sur les métiers de la transformation des céréales appelé le meunier. Ce manuel est une réponse au besoin en ressources humaines qualifiées dans le domaine de l’agroalimentaire dont souffre le Sénégal étant donné que la transformation des céréales s’effectuait auparavant de manière artisanale, il était indispensable donc pour l’ONFP d’améliorer considérablement la qualification et la productivité des travailleurs dans ce secteur en les intégrant dans un programme de développement de compétences professionnelles aptes à leur permettre d’exercer une activité professionnelle selon les normes, tant dans le secteur formel que le secteur informel. Le secteur de l’agroalimentaire, et particulièrement la filière de la transformation des céréales locales, est un moteur important de l’économie et la pierre angulaire de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. La culture alimentaire sénégalaise basée sur les céréales locales, un document tel que le Meunier est l’assurance d’un développement durable pour ce pays comme l’entend le PSE.
Quant au service de Construction de centres de Formation professionnelle, des besoins de centres de formations professionnelles avait été exprimés au travers du PSE afin de permettre aux Sénégalais(es) d’avoir les ressources nécessaires pour pouvoir se qualifier dans des domaines prioritaires à la croissance de l’économie du Sénégal. Ainsi, l’ONFP au titre de maître d’ouvrage délégué pour le compte du Ministère de la Formation professionnelle de l’Apprentissage et de l’Artisanat (MFPAA) a entrepris la construction et l’équipement de plusieurs centres à l’échelle nationale.
Pour terminer, au niveau de la Recherche sur la Formation Professionnelle, l’ONFP a confié cette année une étude à SEMACO Technologies-Amos Partners, une recherche qualitative et quantitative portant sur les besoins en Ressources Humaines qualifiées dans les secteurs prioritaires de l’Économie A l’Horizon 2025 » au Sénégal. Cette étude constitue la toute première effectuée au Sénégal et vise à relever le double défi de la mesure quantifiée de la demande de l’économie en ressources humaines qualifiée et la projection de celle-ci sur un horizon temporel de près d’une décennie. L’importance quantitative des données secondaires recueillies ajoutées aux données primaires que les enquêtes de terrain ont fournies ont permis de se faire une bonne idée des besoins en main-d’œuvre qualifiée des secteurs-clés de l’économie sénégalaise. Ces données présentées dans le rapport peuvent éclairer les décisions de planification stratégique et opérationnelle de la formation professionnelle et technique au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Au travers de cette étude, l’État sénégalais dispose aujourd’hui d’un outil d’aide à la décision et d’un bon instrument de planification de la formation des ressources humaines demandées par les acteurs du monde productif. L’ONFP est donc en mesure de donner des indications précises sur les besoins identifiés des milieux économiques et susceptibles d’arrimer l’offre de formation aux défis prioritaires de l’économie sénégalaise, notamment par une ingénierie subséquente de la formation professionnelle et technique.
Pour conclure, au cours des dernières années, de par son mode opératoire, ses outils et son cadre organisationnel, l’ONFP a donné la preuve de sa capacité à mettre en œuvre les dispositifs permettant de répondre en temps réel aux besoins des grands chantiers de l’État en matière de main d’œuvre qualifiée. L’enjeu réside désormais dans la montée à l’échelle de la production de biens et de services à travers : des formations qualifiantes débouchant sur la délivrance de titres de qualification au regard de catégories professionnelles de conventions collectives de branches ; la production de documentation et supports pédagogiques et techniques ; la construction de centres de formation professionnelle et la production de connaissances sur la formation.
Vous comprendrez pourquoi pour l’année 2017-2018 le CECI a permis à l’ONFP de bénéficier de trois coopérants dans les domaines suivants : (Planification & suivi et évaluation ; Ingénierie de la formation et Communication) afin de contribuer au développement stratégique de cet établissement public.