C’est à titre de coopérant volontaire du CECI, Centre d’éducation et de coopération internationale, que j’ai effectué un séjour de quatre mois à Cotonou, au Bénin, de la fin février à fin juin 2023. Peu après mon arrivée, je me suis présentée au Réseau paix et sécurité pour les femmes dans l’espace de la CEDEAO, RESPSFECO- Bénin, un organisme à but non lucratif qui est un des partenaires du CECI. Lorsqu’on franchit la porte d’entrée, on se retrouve dans une salle de réunion. Quelques personnes sont assises autour d’une grande table située au milieu de la pièce. La nappe, en tissu pagne, lui donne une atmosphère intime. J’ai l’impression d’être chez quelqu’un. On m’invite à m’asseoir. Chacun et chacune se présentent à tour de rôle. Ce sont mes futures collègues et la coordonnatrice de cet organisme. À mon tour, j’explique brièvement que je suis conseillère en genre et inclusion sociale pour le CECI-Bénin. On me pose quelques questions sur le voyage, comme la différence de température entre Cotonou et Montréal. En effet, tout un contraste, le jour de mon départ, il faisait -17 degré Celsius et il neigeait. Lors des réunions, chaque membre du personnel effectue un compte rendu de ces tâches dans les dossiers assignés. Je découvre ainsi l’implication de RESPSFECO- Bénin dans différentes communes comme celles d’Allada, de Dogbo, de Lalo ou Boukoubé par exemple. Dans le cadre de mon mandat, RESPSFECO- Bénin me demande notamment de renforcer les capacités des membres de son personnel sur les sujets suivants : le genre, l’inclusion sociale, l’intersectionnalité et les femmes dans les métiers non traditionnels. J’élabore des ateliers sur ces sujets avec des définitions et des exemples. Dans le cadre de l’atelier sur le genre je rappelle que c’est en 1995, lors de la quatrième conférence mondiale sur le statut de la femme que la décision est prise de passer de l’approche «femme et développement» à l’approche« genre et développement ». Cette dernière étant plus complète, car elle analyse les causes des inégalités de genre et cherche à lutter contre, en déconstruisant les stéréotypes. C’est au Rwanda qu’à lieu, en 2019, le premier Sommet mondial sur le genre, autour du thème «Éliminer les obstacles à l’égalité des sexes».Lorsque je présente l’atelier sur l’intersectionnalité, des membres me demandent de donner des exemples en Afrique.J’effectue une recherche et découvre quelques exemples. Je représente donc cet atelier en mettant le focus sur les trois exemples en Afrique que j’ai ajoutés. Ces derniers sont plus proches de leur réalité.En effet, Ndeye Fatou Kane, dans un article qu’elle publie en 2020, indique que «Parole de négresse» d’Awa Thiam, publié en 1978,est considérée comme unouvrage précurseur de l’intersectionnalité en Afrique. Dans le cadre de l’atelier sur les femmes dans les métiers non traditionnels, on met le focus sur cinq femmes béninoises qui sont notamment, conductrice de taxi-moto, vitrière ou capitaine des remorqueurs au Port autonome de Cotonou. Je termine cet atelier en rappelant qu’il y a plus de quarante ans Wangari Maathai, une femme scientifique, militante écologique a cré le mouvement « Green belt» pour lutter contre la déforestation de sa région au Kenya. En 2004, elle reçoit le prix Nobel de la paix pour ses actions. On me demande aussi de « mettre la main à la pâte» pour effectuer un rapport sur la situation des femmes agricultrices dans une commune où une grande partie de la population est active dans le secteur agricole. Les lectures effectuées permettent de constater les faibles performances obtenues compte tenu des contraintes naturelles comme les effets des changements climatiques. Celles qui ont pour tâche d’organiser des rencontres avec ces agricultrices rapportent les difficultés vécues : on leur attribue les terres les plus pauvres, elles ont peu de moyens financiers, la lourdeur du travail occasionné par le manque de matériel adéquat. Leurs récoltes servent à nourrir leurs familles et le reste est vendu dans un marché local restreint. On constate qu’outre l’achat de semences, des outils, il faut de l’engrais naturel. Il faut également prévoir des formations afin de renforcer les capacités d’organisation de ces femmes et augmenter leur participation au sein des organisations paysannes, et favoriser leur accès à la terre de façon sécurisante. On dépose le rapport dans le délai demandé. C’est déjà la fin de mon mandat et mon retour à Montréal. À la fin de ma dernière journée au RESPSFECO- Bénin, j’attends le conducteur de taxi-moto devant le portail lorsque j’aperçois la marchande ambulante d’ananas qui passe dans la rue. Son panier est presque vide. Le matin, elle arrête durant quelques heures dans ce coin. Avec des collègues on prenait une pause pour aller acheter des ananas. Ainsi, durant quatre mois, ce fut pour moi la «pause ananas», avec des gorgées d’eau fraîche. Les ananas au Bénin sont délicieux. Le temps a passé vite. Je rentre à Montréal avec la tête pleine de souvenirs, d’images fortes des lieux que j’ai pu visiter durant les fins de semaines et je sens que je suis « rechargée» par une belle énergie.Bibliographie