Minuit sonné, résolution d’une coopérante volontaire en quête de stabilité!

Peru
Publié par : Elizabeth Laval
À chaque nouvel an, depuis au moins trois ans, je prends la même résolution, une résolution de stabilité. J’ai l’envie incessante à minuit sonné d’avoir des certitudes, de ranger mes valises, de fermer des portes, d'avoir un plan fixe à plus long terme. C’en est presque frustrant! Après avoir exprimé tant de fois à mes ami(e)s le sentiment de liberté indescriptible qui ponctue mon quotidien, après avoir fait part sans relâche à ma famille des réflexions, rencontres et défis professionnels qui enrichissent mes semaines, et après avoir inondé ma page facebook de paysages féériques découverts au fil des mois, me voilà, râlant un besoin de stabilité. Éternelle insatisfaite? C’est plus complexe… Comme tous et chacun, les coopérants internationaux ont des besoins. À titre d’exemple, la solidarité, l’engagement et l’aventure sont autant de besoins que la coopération internationale nous permet de combler. Mais qu’advient-il du confort, de la reconnaissance, voire même de la sécurité? Il s’agit alors de bien prendre conscience de l’importance et de la valeur que représente chaque besoin pour soi, et du sentiment d’insatisfaction potentiel qui pourrait survenir. Pour ma part, depuis que la piqûre du développement international s'est fait sentir, c’est la notion d’instabilité qui me tourmente le plus. Comment réagir si vous savez qu’à chaque projet, à chaque relation que vous entamez, pour lesquels vous vous investissez pleinement, il y a une date d’expiration. Projet après projet, relation après relation, c’est s’engager de nouveau, se donner à 100% et recommencer. À chaque fois, c’est se créer de nouvelles amitiés et se rebâtir un petit chez soi chaleureux. À chaque fois, c’est développer des relations avec ses collègues, ses voisins, son fruitier, son professeur de danse, sa serveuse préférée. À chaque fois, c’est tomber amoureuse d’une ville, d’une personne, d’un projet, de sa vie au présent. Mais c’est aussi toujours ce petit cadran intérieur qui évoque sans cesse l’échéance et qui ne permet jamais, au final, d’en profiter totalement. Parce que même si les projets culminent ou fleurissent, même si les amitiés perdurent malgré la distance, même si les amours restent à jamais gravés sur les cœurs, laisser derrière soi le fruit d’un travail absorbant n’est pas facile. Le présent a beau être exaltant, l’avenir demeure incertain. Et pourtant… Janvier 2016, mes pieds foulent à nouveau le sol d’une aventure latino-américaine. Mon cœur bat inévitablement de bonheur face à la prédisposition des gens d’ici pour la simplicité des rapports humains et pour l’appréciation du moment présent. Mes pensées errent par-delà la beauté des lieux, et je le réalise finalement cette année : malgré les sempiternelles valises, j’ai atteint une forme de stabilité. Bien que moins traditionnelle, certes, elle s’avère néanmoins bien réelle. Aujourd’hui, cette stabilité réside dans mes valeurs, dans mes idées, dans mes amours immortels, dans mes rêves et projets de mille et une vies. Pour l’instant ma communauté n’a pas de frontières, mais elle s’élabore. Il n’en tient qu’à moi d’en dessiner les contours, d’en dresser les limites, et cela, simplement, lorsque je me sentirai prête… Alors voilà, aujourd’hui je suis toute en gratitude et en célébration face à cette nouvelle interprétation d’une situation qui n’a concrètement pas changée, mais qui prend pour moi tout son sens.

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