Les défis à l'arrivée et comment les contourner

Pérou
Publié par : Corinne Julien

Se lancer dans une aventure de congé solidaire pour une période aussi courte que 3 semaines où on nous présente comme « expert » nous met pas mal de pression et on doit conjuguer avec plusieurs défis. Je vous livre ici quelques-uns de ceux que j’ai rencontrés – et la liste n’est pas exhaustive !

  1. La fatigue

Partie de Montréal le dimanche 10 septembre au petit matin, je suis arrivée en soirée à Lima après un transfert via Panama. Le tout s’est passé sans encombre, n’empêche que passer une journée dans les avions et les aéroports n’est jamais de tout repos.  Et puis, c’est sans compter que naturellement, des personnalités sont plus des « lève-tôt » que des « couche-tard » ce qui influence leur capacité de travail et de concentration. Personnellement, je perds pas mal de mes facultés avec le coucher du soleil (et ici la nuit tombe plus tôt de ce côté-ci de l’hémisphère !), alors autant dire que passé 18h, je ne suis plus opérationnelle. Et pour ma part, j’ai commencé dès le lendemain matin 9h, par une réunion tripartite entre les membres d’Uniterra, différentes partenaires du Café et du Cacao de Lima, ainsi que plusieurs volontaires.

Le rythme est pas mal soutenu les premiers jours avec les rencontres d’orientation, d’explication du plan de travail et les différentes réunions avec les membres d’Uniterra.

Mais l’important c’est de partir aussi reposé que possible, de profiter du vol pour faire une siesta et de passer une bonne nuit de sommeil à l’arrivée, le lendemain et le surlendemain… Notre cerveau ingurgite beaucoup de choses en peu de temps, alors il faut lui permettre de se reposer.

2. Se repérer dans une ville inconnue

Quand on passe juste 2 jours dans une nouvelle ville, comme ce fut le cas à Lima, il n’est pas évident de se repérer. Surtout à Lima où la circulation des automobiles et des bus est particulièrement stressante et la pollution omniprésente.

Toutefois,  le personnel de Uniterra, et notamment Jouhara, m’ont grandement facilité la vie en venant me chercher à l’aéroport et en me conduisant à mon hôtel pour ne pas que j’aie à me préoccuper du repérage en pleine nuit. Ensuite, pour les 2 jours passés à Lima, ils se sont aussi assurés de m’accompagner pour tous mes déplacements. Cela m’a retiré un bon poids.

Quant à mon lieu final d’affectation qui est Tarapoto, j’ai eu un bon tour de ville à mon arrivée en moto-taxi, le moyen de déplacement par excellence ici, et j’ai la chance d’être appuyée sur place par plusieurs coopérantes exemplaires – Karine Tremblay et Marie-Hélène Couette et Agata entre autres – qui m’aident beaucoup à me repérer, à me donner des conseils, des places où manger, visiter… Leur présence facilite grandement mon intégration personnelle et professionnelle. Je les remercie vivement. Ceci dit, après 4 jours à Tarapoto, je me perds encore… Mais est-ce si grave ? Non, se perdre permet de découvrir. A ma défense, les noms des rues ne sont pas indiqués partout et les rues montent et descendent constamment au Nord, au Sud, à l’Est, à l’Ouest, donc difficile de se situer, et pour compliquer le tout, les pharmacies et agences de voyage sont tellement nombreuses qu’on a l’impression de les voir partout et ainsi, de manquer de repères.

3. La langue

Dans mon cas, le Français est ma langue maternelle, j’utilise l’Anglais comme langue de travail la moitié du temps, tandis que l’Espagnol est ma 3ème langue que j’ai étudiée pendant 4 ans à l’université, il y a de ça 25 ans passés. Comprendre et parler devient donc un défi.

J’ai fait une bonne révision avant de partir, j’ai une plutôt bonne compréhension et ensuite, le secret, c’est de se jeter dans le bain pour dépasser sa gêne. C’est sûr que je n’emploie peut-être pas les meilleurs mots, que je fais des fautes de grammaire, que je cherche mon vocabulaire, mais l’essentiel c’est de se faire comprendre. Et chaque jour qui passe témoigne de nos progrès. On entend, on écoute, on retient des expressions et on prend plus de confiance. Je peux vous le confirmer !

4. Comprendre qui fait quoi

Ensuite, on est vite présenté à une foule de personnes qui ont des rôles bien précis. Se remémorer les noms de chaque personne se révèle un défi considérant le nombre de gens qu’on rencontre.

Personnellement, j’avais toujours avec moi mon bloc-notes où je notais les prénoms des personnes que je devais me rappeler pour mon mandat. Avec tout le respect, il y a du monde que j’ai « effacé de ma mémoire », surtout quand il s’agit d’un mandat aussi court que 3 semaines.  Ce qui m’amène au 5ème défi : le temps.

5. Le temps pour observer, analyser et agir !

En gros, j’ai 11 jours ouvrables pour accomplir mon mandat. Déjà avant mon départ, je savais que j’allais avoir à faire une présentation et animer un atelier lors d’un séminaire sur le Marketing touristique le 20 septembre. Pour me préparer avant de partir, j’avais commencé à rassembler du contenu qui pourrait m’aider à bâtir ma présentation et mon atelier – en Espagnol.  Et j’avais comme consigne qu’ils voulaient des choses « pratico-pratiques ».
Maintenant, le défi était de savoir comment ajuster mes connaissances et mes outils à leur réalité du terrain – et surtout à leurs moyens en terme de ressources et $ (ou devrais-je écrire « S » le symbole des Nuevos Soles, la monnaie locale).

La réalité est qu’ici, le tourisme en est à ses débuts et donc les façons de faire, les standards, le service est bien différent de ce qu’on connaît en Amérique du Nord ou en Europe. Par exemple, à Tarapoto, on trouve des « agences de voyages » à chaque coin de rue. Tout le monde vend les mêmes excursions pour une clientèle clairement locale, vu que très peu parlent l’anglais et très peu semblent avoir des notions de marketing.

Donc mon premier objectif a été de comprendre ce qu’ils enseignent à l’université en matière de tourisme et de marketing digital, et de valider les ressources digitales dont ils disposent. Mon but est de m’adapter à leur réalité et de leur donner les meilleures pratiques pour la publicité qu’ils connaissent, mais aussi de semer des graines sur ce qui peut se faire en matière de publicité (autre que Facebook dont ils sont fervents)  pour élever un peu le niveau, leur permettre de se démarquer, acquérir plus de clientèle et ainsi augmenter leurs revenus.

J’ai rencontré mon partenaire de l’Université César Vallejo (UCV) qui m’accueille comme conseillère en marketing touristique. Ce fut l’occasion de parler plus précisément du mandat, de ses attentes, de ses besoins. C’est sûr que le focus de mon mandat tourne autour du séminaire. Pour cela, je lui ai demandé les plans de cours qui sont dispensés en Marketing, Marketing touristique et Marketing Digital. J’en ai aussi profité pour lui demander de rencontrer ces professeurs pour discuter avec eux de leurs défis et obtenir leurs pouls sur les sujets que j’avais l’intention de couvrir dans le séminaire. J’ai rencontré 2 d’entre eux et ces réunions nous ont permis de parler dans le même langage (celui du marketing) et cela m’a conforté dans mes idées pour mes présentations.

J’ai aussi travaillé avec Marie-Hélène Couette et Karine Tremblay, les 2 coopérantes en tourisme sur des mandats Uniterra d’un an à la UCV. Ces 2 collègues sont des alliées précieuses sur tous les plans et m’aident beaucoup à mieux comprendre dans quoi je m’embarque et qui facilitent toute ma logistique. Ce sont des guides professionnelles et personnelles dans la vie quotidienne d’une valeur inestimable.

6. Et last, but not least des défis : le stress. Pour ma part, vivre cette expérience me fait vraiment sortir de ma zone de confort. Vais-je être à la hauteur ? Est-ce que je vais répondre à leurs attentes ? Est-ce que je vais vraiment semer des graines en 11 jours ? Est-ce que je vais être capable de faire passer mon message dans une langue étrangère ? Est-ce que je vais pouvoir les outiller d’une manière durable ?

Et bien, à l’heure actuelle, je n’ai pas les réponses, mais je n’ai pas d’autres choix que de me faire confiance, de relativiser, de croire en moi – Comme le petit oiseau ci-dessous, je vais croire en mes ressources intérieures et comme le petit oiseau, je peux utiliser le chant qui est un de mes loisirs pour me faire respirer par le ventre, pour m’aérer l’esprit, pour me changer les idées, et pour regagner confiance en soi, si le doute s’installe à un moment donné.

 

Restez informé·e·s

Inscrivez-vous à l’infolettre et soyez les premier·ère·s informé·e·s !