Histoire de réussites
Cotonou, Bénin
23 février 2023
En tant qu’étudiante, j’ai entamé mon mandat de volontaire avec des connaissances théoriques acquises lors de mes études, mais peu d’expérience pratique sur le terrain. Il y a quelques années, je n’aurais pas été en mesure d’identifier une corrélation entre les impacts des changements climatiques et les inégalités entre les genres, pourtant c’est le cœur de mon mandat ici au Bénin. En effet, je travaille présentement comme agente en environnement et changements climatiques avec l’organisation non gouvernementale qu’est le Groupe d’Action pour la Justice et l’Égalité Sociale (GAJES), qui défend l’égalité entre les genres.
Le Bénin est un pays particulièrement affecté par les changements climatiques alors qu’il y a une intensification des sécheresses, des inondations et de l’érosion côtière. Toutefois, afin de comprendre quelles sont les raisons qui expliquent la plus grande précarité des femmes aux changements climatiques au Bénin, il convient de s’attarder à la division du travail entre hommes et femmes dans le pays. Selon les données de l’Université d’Abomey Calavi (située non loin de la capitale du Bénin), le travail ici est traditionnellement divisé de sorte que les femmes et les filles sont généralement en charge des tâches domestiques comme aller chercher de l’eau. Toutefois, selon le gouvernement béninois, la raréfaction de l’eau et l’augmentation des périodes de sécheresses font en sorte que les femmes et les filles doivent parcourir de plus longues distances pour aller chercher de l’eau et dans le domaine de l’agriculture, (dont 50 à 60% de la main d’œuvre est composée de femmes) les sécheresses et les inondations détruisent les récoltes. Cela précarise le travail des femmes et augmente leur charge de travail ce qui a notamment pour conséquence que les femmes et les filles ont moins de temps pour aller à l’école et s’impliquer dans les activités communautaires et politiques (selon les données de l’Université d’Abomey Calavi).
D’autres données proposées par la même université et présentées dans les lignes qui suivent permettent également d’illustrer cette corrélation. En effet, en raison de la division du travail, au Bénin, ce serait davantage les hommes qui migreraient pour aller chercher du travail dans le cadre d’inondations et ce serait les femmes qui resteraient au foyer. Toutefois, les inondations amènent un risque plus grand risque au niveau des maladies telles que le paludisme puisque les moustiques (dont ceux porteurs de la maladie) prolifèrent davantage dans ce type d’environnement. Considérant que ce sont les femmes qui demeurent davantage sur place, ce sont elles (et les enfants) qui se retrouvent les plus à risque de contracter le paludisme.
Cela illustre que les changements climatiques ont des impacts à plusieurs niveaux, notamment au niveau de l’égalité entre les genres, d’où la pertinence de trouver des stratégies afin de les prévenir et de s’y adapter.
Bref, être dans un pays de programmation du programme de coopération volontaire du CECI et être confrontée à ces enjeux me permet de mieux saisir l’importance de considérer les différentes dynamiques qui ont des impacts sur les inégalités basées sur les genres. Mon expérience ici au Bénin me permet de développer une compréhension plus profonde et d’appliquer certains concepts vues dans le cadre de mes études et d’acquérir de nouvelles connaissances. Être volontaire nous confronte à la fragilité de la protection des droits humains ainsi qu’à la complexité des dynamiques inégalitaires, mais surtout, nous rappelle l’importance de continuer à œuvrer pour un monde plus juste et plus inclusif pour toutes les personnes qui y vivent.
Justine