Du 10 au 12 février dernier se tenait à Bobo-Dioulasso une formation sur le leadership des femmes en milieu rural. Cette formation a été réalisée par le fonds du Projet d’Appui aux Étuveuses de Riz (PAÉRIZ) du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI). À cette formation participaient vingt femmes provenant de cinq unions membre de l'Union nationale des étuveuses de riz du Burkina Faso (UNERIZ). Parmi les femmes présentes plusieurs en étaient à leur première formation, ce qui était à la fois fort emballant et déstabilisant puisqu’elles ne savaient pas à quoi s’attendre.
L’objectif de cette formation était de contribuer au renforcement des étuveuses sur le leadership et la communication pour une valorisation du rôle de la femme au sein des organisations, de la famille et de la communauté.
Le premier chapitre était consacré à la découverte de ses potentialités et la connaissance de soi. Les thèmes abordés et les exercices présentés ont permis aux femmes de prendre conscience de leurs capacités et des valeurs qu’elles portent. Les femmes, compte tenu de leurs nombreuses responsabilités et tâches, ont très rarement le temps de s’arrêter et de faire le point sur leurs atouts et sur les aspects de leur personnalité qu’elles devraient apprécier et/ou améliorer. Cette première journée a donné l’occasion aux étuveuses de s’arrêter et d’analyser leurs forces et leurs faiblesses. Elles sont parvenues à dresser une liste des nombreuses qualités qu’elles possèdent. Qualités qui, de surcroit, sont essentielles pour devenir de bonnes leaders:
- Je suis battante
- Je suis sociale
- Je suis respectueuse
- Je suis véridique
- Je suis collaboratrice
- Je suis honnête
Les espaces de dialogue et d’échanges ont permis aux femmes présentes de se sentir unies dans une volonté de changement. Au fils des heures, les femmes ont pris l'opportunité qui leur était offerte et se sont livrées à elle-même et à leurs consœurs. Ensembles, elles ont appris à reconnaître leur valeur, à augmenter leurs pensées positives et à pratiquer l’affirmation de soi.
Les femmes jouent un rôle très important dans la réalisation des activités de développement agricoles au Burkina Faso. Elles sont impliquées dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles, notamment le riz. Dans les ménages, elles veillent, entre autres, sur l’approvisionnement en eau potable et l’alimentation de la famille. Malgré tout, leur travail est sous-évalué et sous-valorisé.
De plus, les femmes doivent prendre part aux décisions tant au niveau de la famille, de leur union et groupements d’étuveuses, que dans la communauté. Pour ce faire, elles doivent renforcer leur leadership. Le deuxième chapitre a permis aux étuveuses d’aborder le leadership sous différents angles, telle l’identification des instances de décisions dans la communauté, tout en faisant ressortir l’intérêt de leur participation à ces instances décisionnelles et les bonnes pratiques de collaboration avec les hommes. Plusieurs recommandations ont été formulées pour bien exercer leur leadership. Plus détendues et bavardes, les femmes ont participé avec énergie et enthousiasme aux activités.
Elles ont livré anecdotes, partagé conseils basés sur leur vécu, discuté sur les changements observés dans la communauté au fil des années et la reconnaissance grandissante des femmes dans les sphères publiques. Comme le leadership se construit et que les qualités et les capacités d’un leader s’acquièrent avec l’expérience, les étuveuses se dotent de bons atouts pour poursuivre leur chemin sur la voie du changement.
La dernière journée fut non la moindre car elle abordait la prise de parole en public. Parler en public n’est pas chose facile, surtout dans un contexte culturel où les femmes sont trop souvent mises au second plan. Néanmoins, il est essentiel que les étuveuses puissent développer des techniques pour s’exprimer publiquement que ce soit au sein de leur groupement et union afin que la gestion soit pleinement participative ou face à des auditoires externes tels les organismes de coopération internationale, les institutions financières ou les autorités locales. Unies face à la même cause, les étuveuses sont de plus en plus menées à s’exprimer en public et à jouer un rôle de leader au sein de leur communauté. En atelier, les femmes se sont exercées à prendre la parole et ce autour de quatre thèmes qu’elles ont identifiés:
- Le non-paiement des cotisations des membres
- Le choix de la variété du riz auprès des producteurs
- La demande de crédit dans les institutions financières
- La demande de terres cultivables auprès des autorités locales
Bien que l’exercice se déroulait dans une atmosphère de respect et de fraternité, les présentatrices ont manifesté des symptômes de tract, ce qui nous a permis d’aborder les astuces pour les maîtriser tout en étant conscientes que seule la pratique permet réellement de gagner de l’assurance!
Fortes de leurs atouts et expériences, enrichies de nouvelles compétences, entourées de leurs consœurs, les vingt participantes ont toutes pris un engagement personnel afin d’accroître leur leadership. Dans leur union respective, elles feront la restitution de la formation en évoquant les thèmes abordés auprès des différents groupements qui forment leur union afin d’enrichir les membres jusqu’à la base, d’accroître la participation et de développer le sentiment d’appartenance des femmes.
Déjà, moins de deux semaines après la formation, des échos positifs se font sentir. Les restitutions ont commencées dans les unions de bases, ce qui démontre que les étuveuses sont engagées, un pas à la fois, vers un avenir meilleur dans lequel les femmes étuveuses exerceront davantage leur important leadership!
Les participantes à la formation sur le leadership des femmes en milieu rural, accompagnées de Véronique LeVasseur volontaire du CECI au PAÉRIZ.