Histoire de réussites
Je suis Sonia Dossou, titulaire d’une maîtrise en économie sociale, coopérante volontaire du CECI et intervenante comme Conseillère en genre et inclusion sociale à l’ONG CADID (Convergence d’Actions pour un Développement Intégré Durable) à Porto-Novo au Bénin. C’est un honneur et un privilège pour moi de retourner dans mon pays comme volontaire pour apporter ma pierre à l’édifice de son développement. J’ai toujours aimé aider les autres depuis mon enfance, ce qui m’a valu le surnom « d’assistante sociale ». C’est une des raisons pour lesquelles je me suis proposée pour être volontaire dans mon pays d’origine. Le choix de mon pays n’est pas un hasard. J’ai toujours été préoccupée par la situation des populations les plus défavorisées, notamment celle des veuves et des orphelins, des enfants de la rue, des enfants placés et j’en passe. Par le passé, j’ai eu à interagir avec plusieurs femmes qui avaient tout perdu avec le décès de leur partenaire et qui se sont retrouvées à la rue parce que la belle-famille s’était accaparée des biens du défunt. Leurs droits ont été bafoués. D’ailleurs, j’ai mis en place en 2016 une association, EVO Smile, entendez Entraide Veuve Orphelin qui devait initialement intervenir auprès des veuves et orphelins et qui s’est étendue finalement aux populations défavorisées compte tenu des nombreux besoins.
Du 25 février 2024 au 25 février 2025, j’ai été coopérante volontaire du CECI au Bénin. J’ai été conseillère en genre et inclusion sociale chez CADID, une ONG locale ayant pour mission de réduire la pauvreté, combattre la faim, promouvoir l’agriculture durable, œuvrer pour le bien-être de toutes et tous, promouvoir les droits humains notamment ceux des enfants et des femmes en mettant un accent particulier sur la réduction des inégalités entre les sexes. Sa vision est de participer à l’édification d’un monde dépourvu de pauvreté, plus juste et solidaire dans lequel hommes et femmes peuvent exercer pleinement leurs droits et être traité-e-s équitablement sans discrimination. J’ai été chargée d’aider cette organisation à élaborer et à mettre en place sa stratégie genre afin d’intégrer le genre dans son fonctionnement, ses activités et ses projets, ce qui permettra de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes et de défendre les droits des femmes.
Le fait d’œuvrer auprès des populations vulnérables, en particulier des femmes est essentiel pour moi compte tenu de l’importance de leur rôle et de la délicate situation de précarité qu’elles vivent parfois. Elles portent une lourde responsabilité, celle d’éduquer et d’élever les enfants. Elles sont les piliers de leurs foyers, raison pour laquelle les aider à avoir des activités génératrices de revenus pouvant leur permettre de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants est selon moi primordial. Mais il est également important de défendre leurs droits, faire avancer les mentalités, sensibiliser le public aux violences dont elles sont victimes.
C’est donc naturellement que je me suis engagée pour être coopérante volontaire en genre et inclusion sociale.
Durant mon mandat, outre l’élaboration d’une stratégie en égalité des genres, droits et diversité en collaboration avec le partenaire, j’ai fait du renforcement de capacité du personnel. Les thèmes abordés étaient variés compte tenu des besoins de l’organisation partenaire qui m’avait accueillie. Mais j’ai particulièrement apprécié deux ateliers que j’ai animés, compte tenu de l’impact qu’ils ont eu auprès des participant-e-s. : L’atelier sur les masculinités positives et celui concernant la sensibilisation - causerie avec les artisanes sur les violences basées sur le genre.
Dans le cadre de mon mandat, j’ai eu à animer un atelier participatif sur le thème des masculinités positives. C’est une activité de sensibilisation pour trouver des champions, alliés, défenseurs des droits des femmes pour mener le combat avec plus de facilité. Un thème délicat dans le contexte socio-culturel béninois. Cette activité a été faite avec des jeunes stagiaires académiques et volontaires qui travaillaient chez CADID.
Tout d’abord, en introduction, j’ai projeté la photo d’un papa portant son bébé au dos. Une image provocatrice qui a suscité de nombreux commentaires aussi bien positifs que négatifs, car elle est choquante et tellement loin de la réalité « acceptable » dans une société patriarcale telle que la société béninoise. Le débat a été assez animé. Chacun devait exprimer son opinion concernant sa perception d’un tel geste. Cette première image a permis de détendre l’atmosphère.
Par la suite, j’ai proposé deux activités d’animation : Qu’en pensez-vous et La boîte de l’homme du livret intitulé J’anime dans ma communauté, élaboré par le JUPREC et le CECI.
La première activité consistait à donner son opinion sur quelques affirmations du genre, le tout dans une ambiance conviviale agrémentée de musique.
Discussions sur les stéréotypes du genre lors de l’activité Qu’en pensez-vous avec le personnel et les stagiaires de CADID, au cours de l’atelier sur les masculinités positives, Porto-Novo, juillet 2024, Photo prise par une membre du personnel.
La représentation de « Sois la femme », », avec le personnel et les stagiaires de CADID, lors de l’atelier sur les masculinités positives, Porto-Novo, juillet 2024, Photo prise par une membre du personnel.
Par la suite, j’ai fait ma présentation du sujet.
Tout au long de l’atelier, les discussions ont été très intéressantes et enrichissantes. Les participant-e-s ont beaucoup aimé le fait que les activités soient interactives. On a bougé, on a chanté, mais surtout on a discuté. De vraies questions ont été débattues en lien avec les normes sociales rigides, les préjugés et les stéréotypes du genre dans une ambiance conviviale. Les jeunes hommes ont particulièrement apprécié nos échanges. Les jeunes femmes, elles, ont affirmé et défendu ce qu’elles ont estimé être leurs droits. L’atelier a été une vraie réussite.
Deux jours après l’atelier, le directeur exécutif m’a fait appeler. Il m’a expliqué qu’un jeune stagiaire en 2e année d’entreprenariat social qui avait participé à l’atelier, a décidé de choisir comme thème de son mémoire un sujet en lien avec les masculinités positives car il avait vraiment apprécié la dynamique et la thématique de notre atelier. De plus, il en avait parlé à d’autres stagiaires absent-e-s le jour de la formation et ces derniers auraient souhaité que je refasse l’atelier avec eux.
Cela m’a vraiment touchée. Si nos actions ont des impacts positifs, ne serait-ce que sur une ou deux personnes qui peuvent être des relais, notre travail et notre présence ne seront pas inutiles.
Essayer de changer les mentalités n’est pas facile, mais notre responsabilité est d’essayer. Et si, ne serait-ce qu’une personne est touchée, alors elle pourra à son tour faire bouger les normes sociales rigides. Tout le monde ne se laissera peut-être pas convaincre, mais atteindre un allié ici et là fera toute la différence. Ces personnes à leur tour, provoqueront des changements. En effet, « une étincelle peut mettre le feu à la plaine ».
Le second atelier a eu lieu avec les artisanes sur le thème des violences basées sur le genre lors des 16 jours d’activisme contre les VBG du 25 novembre au 10 décembre 2024. Nous avons fait deux activités de sensibilisation, une avec les étudiant-e-s d’une université privée de la ville et une causerie avec les artisanes (tresses, coiffure, couture) qui a été animée par une collègue et moi-même. Nous avons d’abord projeté une vidéo faite par le gouvernement lors de la campagne de 2023 dans laquelle des personnalités publiques ont dénoncé les VBG et appelé les survivant-e-s à dénoncer les auteur-e-s, car la loi protège les victimes. Les participantes ont ensuite dit ce qu’elles ont compris de la vidéo. Puis nous leur avons expliqué ce que sont les VBG, les différentes formes qu’elles peuvent prendre, les textes de lois qui les punissent, comment les prévenir et les recours en cas d’agression. Les échanges ont été très fructueux. J’ai beaucoup appris lors de ces activités. Les jeunes filles concernées ont été très contentes de ce qu’elles ont appris et ont été ouvertes à partager leurs expériences. Elles ont compris que certaines situations qu’elles ont vécues ou vivaient encore s’apparentaient à de la violence. Elles ont appris qu’il existe des lois pour protéger les survivant-e-s et punir les auteur-e-s en cas d’agression.
À la fin de la séance, nous leur avons distribué des cartes avec des numéros verts à contacter en cas de problèmes. Ce fut une journée intéressante et mémorable.
J’encourage tout le monde à faire l’expérience du volontariat international au moins une fois dans sa vie, car c’est une expérience enrichissante, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Au-delà du dépaysement et de la découverte d’autres horizons et cultures, c’est un rendez-vous du donner et du recevoir où vous partagez vos compétences et donnez de votre temps, mais également vous apprenez beaucoup des autres et recevez beaucoup en retour. Aider les autres à mon avis donne un sens à la vie de la personne qui aide et en même temps cela apporte du réconfort à la personne que vous aidez.
Merci à nos partenaires financiers et de mise en oeuvre sans qui ce projet ne pourrait être réalisé. Le programme de coopération volontaire du CECI est réalisé en partenariat avec le gouvernement du Canada.