Histoire de réussites

L’agrotourisme comme moyen d'autonomisation économique au Népal : retour sur notre mandat

Népal
Publié par : Marjorie Lebeuf-Binette

Pourquoi croyons-nous que l’agrotourisme est un bon moyen d’autonomisation des communautés au Népal, plus spécifiquement pour les femmes? Tout d’abord parce que l’agrotourisme permet la diversification des sources de revenus des agriculteurs/trices et contribue ainsi à les rendre plus résilients face à divers risques comme les aléas des changements climatiques, des crises sanitaires et politiques, ou des catastrophes naturelles. En tant que producteur agricole, c’est aussi un moyen d’augmenter leurs ventes directes auprès d’une clientèle locale et internationale, et augmenter leur marge de profit par le fait même en diminuant leur dépendance aux intermédiaires.

L’accueil de visiteurs au sein de leur entreprise agricole et de leur communauté est une opportunité de valoriser et préserver la culture locale et leurs savoir-faire traditionnels tout en éduquant les visiteurs. La communauté d’accueil retire également des apprentissages de ces échanges et peut, lorsque des formations sont offertes, acquérir des compétences utiles applicables à plusieurs domaines.

Les emplois dans l’industrie touristique font souvent appel à des compétences que les femmes possèdent déjà, par exemple l’accueil, l’entretien ménager ou la cuisine, mais c’est aussi, selon l’OMT, l’industrie dans laquelle les femmes auraient plus facilement accès à des postes de gestion ou de responsabilité. Bien qu’il persiste encore un grand déséquilibre de genre dans le secteur touristique, ce dernier est considéré comme porteur d’opportunités pour l’autonomisation des femmes.

Au niveau régional, l’agrotourisme permet évidemment la création d’emplois dans des régions où les possibilités sont souvent limitées. Il représente un excellent levier pour le développement régional en zone rurale et peut être reconnu pour son apport au développement touristique général dans lequel une forte tendance se fait sentir pour l’expérientiel et l’immersion.

L’agrotourisme, puisqu’il s’agit d’une activité complémentaire à l’activité agricole déjà existante, une fois les permis nécessaires obtenus, est relativement simple à mettre en place. Il demande toutefois à l’agriculteur de développer de nouvelles compétences qui n’étaient pas nécessairement sollicitées en agriculture, d’où l’importance d’une bonne planification. Nous croyons également qu’il exige une excellente collaboration des différents acteurs afin de créer des destinations attractives et ainsi la durabilité du projet. 

T-HELP, l’organisme partenaire avec lequel nous avons collaboré dans le cadre de ce mandat de renforcement des capacités, est une ONG créée par des femmes népalaises qui vise l’autonomisation des femmes à travers la création d’activités génératrices de revenus durables, tel que l’agriculture biologique et l’écotourisme. L’agrotourisme semblait donc tout indiqué pour atteindre leur objectif et pour répondre aux besoins des communautés. Nous avions pour objectif d’élaborer une stratégie de développement de l’agrotourisme pour les communautés dans lesquelles l’organisme intervient ainsi que de fournir des recommandations pour l’implantation d’activités agrotouristiques dans les entreprises agricoles.

Dans le cas du Népal, il est clair que l’agrotourisme structuré est encore à ses débuts. Selon le groupe de réflexion Nepal Economic Forum, il serait effectivement un levier important de développement stratégique au Népal. Pour cette organisation, un des principaux défis à surmonter afin d’implanter durablement l’agrotourisme comme activité économique, est le manque de connaissances des agriculteurs népalais à son sujet. Ils ne connaissent donc pas non plus son potentiel de développement économique et d’autonomisation. Il s’agit d’ailleurs d’un élément que nous avons pu remarquer au cours de notre mandat, notamment par le biais des réponses obtenues dans un questionnaire que nous avons développé et que T-HELP a administré à des agriculteurs et agricultrices de la municipalité de Dhulikel. En revanche, nous avons aussi constaté que ces derniers étaient hautement motivés à diversifier leurs sources de revenus et à accueillir des visiteurs au sein de leur communauté.

Ainsi, le plan d’action développé porte une grande attention à l’aspect d’éducation et de sensibilisation à l’agrotourisme. Les deux grandes orientations élaborées sont les suivantes: 

  1. Créer un engagement fort des agriculteurs/trices envers l’agrotourisme.
  2. Créer des expériences agrotouristiques de qualité pour augmenter et diversifier le revenu des agriculteurs. 

La première orientation vise la sensibilisation et la motivation des agriculteurs/trices envers l’agrotourisme et à son potentiel, notamment par le biais de formations et d’échange de connaissances, ainsi que l’identification des activités agrotouristiques possibles dans les communautés ciblées. La deuxième orientation, quant à elle, vise à outiller les agriculteurs/trices afin d’optimiser l’expérience des visiteurs et leur satisfaction, en s’assurant ainsi de la pérennité du projet. Pour permettre à l’organisation T-HELP d’atteindre les objectifs identifiés par le plan d’action, plusieurs outils ont été développés. 

Malgré les défis que pourraient représenter l’implantation d’une activité touristique dans les communautés rurales, nous sommes confiantes qu’avec le renforcement de capacités du partenaire, de beaux projets agrotouristiques seront développés dans les communautés accompagnées par T-HELP avec de belles retombées pour les agriculteurs et agricultrices.

 

Article écrit en collaboration avec la volontaire Rubis Iyodi

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