Histoire de réussites

Découvrir les enjeux socioclimatiques à La Paz, en Bolivie

Bolivie
Publié par : Noémie Lefrancois

Mon mandat de 3 mois à La Paz, en Bolivie, était mon premier mandat de coopération volontaire. Puisque j’ai toujours bien aimé la culture latinoaméricaine, j’avais fait une demande particulière pour me rendre dans ce pays d’Amérique latine, où les températures rappellent souvent celles du Canada. Il faut toutefois avouer que mon espagnol à mon arrivée était plutôt à un niveau débutant. J’avais du pain sur la planche : apprendre une nouvelle langue, comprendre le fonctionnement de ce pays totalement étranger et commencer mon travail avec la Ville de La Paz. Le tout, en seulement 3 mois.

Étant dans le domaine de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques au niveau municipal (et ayant quelques ambitions comme militante), je suis arrivée à la municipalité de La Paz avec pour objectif de, d’abord comprendre leur travail et leur vision de la protection de l’environnement, pour ainsi tenter de participer à un renforcement de capacités en ce sens. Bien sûr, je savais que je ne pourrais pas avoir un impact sans précédent sur les pratiques municipales en si peu de temps, mais j’allais m’ajuster selon les possibilités. Le seul bémol était que, travaillant avec l’Unité du tourisme, ça restait plutôt limité en termes d’impacts sur la ville en tant que tel.

Mais j’ai trouvé! En analysant un peu sur quoi l’équipe travaillait, je me suis dit que je pourrais leur partager ma vision, à savoir comment mieux prendre en compte les enjeux de la transition écologique, mais dans le domaine du développement touristique. J’ai entre autres participé à la conception d’une matrice d’évaluation des impacts socio-économiques et environnementaux des routes touristiques et fait quelques recommandations en ce sens.

J’ai également eu la chance de faire une présentation, lors d’un Forum municipal sur le tourisme durable et novateur, sur le tourisme régénératif.

 Ce modèle de tourisme, holistique, tenant compte des bénéfices sociaux et environnementaux– non seulement économiques– reprend des valeurs boliviennes, telles que l’implication des communautés locales et autochtones, la mise en valeur des différentes cultures et la création de valeur tout en prenant soin de la nature (qu’on surnomme ici Pachamama). 

Changer de paradigme ne peut se faire du jour au lendemain, mais je crois que ce modèle de tourisme, qui va au-delà du tourisme durable, se retrouve déjà sous plusieurs formes en Bolivie. Par exemple, on retrouve plusieurs modèles de tourisme communautaire et collectif desquels on aurait beaucoup à apprendre en Occident.

Comme le dit le proverbe chinois, « quand tu bois de l’eau, pense à la source », ce qui rappelle que les savoirs autochtones doivent avoir leur place dans la modernité. Selon ce que j’ai pu observer en Bolivie, les traditions et les savoirs ancestraux sont conservés et mis en valeur. La dernière Constitution bolivienne, qui date de 2009, a incorporé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Par conséquent, elle reconnaît les gouvernements autonomes des communautés autochtones (c’est d’ailleurs pourquoi on parle de l’État plurinational de Bolivie). La place de ces personnes est garantie dans les institutions judiciaires et au Parlement. Toutefois, un renforcement de capacités est toujours à faire pour s’assurer qu’elles puissent pleinement jouir de leurs droits. 

En matière de lutte aux changements climatiques, les savoirs traditionnels sont valorisés dans la recherche de solutions aux conséquences observées sur le territoire. En Bolivie, l’un des principaux enjeux climatiques est le manque criant d’eau en période de sécheresse. Cette dernière peut durer jusqu’à 8 mois dans la région de La Paz, de mars à décembre environ. 

J’ai été témoin, de la fin août à octobre, de la crainte des Paceños de manquer d’eau, comme il a été question il y a quelques années, et de leur joie immense de voir la pluie tomber. Pendant les 3 mois de mon mandat, il a plu environ 4 fois, pour une durée maximale d’une heure. Non seulement la ville peut souffrir de cette pénurie, mais les communautés rurales et semi-rurales aussi, voyant leurs terres à risque. La recherche de solutions est urgente, car les printemps se font de plus en plus chauds (à partir de septembre), et les périodes sans précipitations pourraient s’allonger.

J’en suis donc rendue au moment de constater que mon mandat tire à sa fin. Alors que le printemps se fait bien sentir ici La Paz, c’est l’automne qui affiche ses couleurs au Québec. Je peux déjà en conclure que j’ai énormément appris durant ce séjour en Bolivie, à travailler aux côtés d’un gouvernement municipal bien différent de ce que j’avais connu au Québec.

Trop tôt encore pour évaluer mon impact, je crois tout de même qu’on doit poser un regard différent sur ce genre d’expériences. L’échange de connaissances que j’ai eu avec l’équipe de l’Unité du tourisme, et plus généralement avec tou.te.s les Bolivien.ne.s que j’ai croisés, est précieux. C’est peut-être davantage ce lien sur lequel on devrait se pencher pour comprendre l’importance de reconnaître notre égalité entre humains et les apprentissages qui peuvent ressortir mutuellement. Comme on dit, les moyens sont aussi importants que la fin. Le chemin parcouru depuis mon arrivée est ce que je retiens, plus que les objectifs ou la finalité atteinte.

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