Témoignage

Blogue d'une ancienne

Haïti
Publié par : Annick Gosselin

Eh oui, je me mets dans cette catégorie, celle des anciens. Après 25 ans dans le domaine du travail bénévole ou non dans les pays en voie de développement, je revendique ce titre même si je ne suis pas encore retraitée ou grand-mère.

Je pensais à cela l’autre jour pendant que je lavais mes vitres tout en parlant avec ma mère au téléphone, elle qui nettoyait ses légumes à plus de 3 000 km de moi. Je me disais que la technologie a bien amélioré les choses pour les personnes qui travaillent à l’étranger. Dans mon temps…. C’est quand cela?? Car chaque moment est le temps de quelqu’un. Bon d’accord. Quand j’ai commencé à travailler en Haïti en 1996, il n’y avait pas tous ces réseaux sociaux, internet était à ses balbutiements en Amérique du Nord alors pour Haït il était un rêve. Il n’y avait que les téléphones et pour aller plus vite et être certain de joindre quelqu’un les fax. Bien évidemment, la poste aussi fonctionnait, mais à ce moment l’on devait compter en semaines les délais.

Les téléphones en 1996, c’était une denrée rare. À Port-au-Prince, les téléphones privés, c’est-à-dire une ligne pour un appareil dans une maison privée ou un bureau, c’était plus courant. En dehors, comme ils disent ou en province, il y avait que la Téléco (compagnie nationalisée de communication). Pour passer un appel en Haïti ou à l’internationale l’on devait aller à la Téléco, se présenter au comptoir, donner son nom, le numéro que l’on voulait contacter avec le nom de la personne avec qui l’on voulait parler et payer, si ce n’était pas un appel à frais virés. Par la suite, on allait s’asseoir dans la salle d’attente et l’on attendait que notre nom soit appelé, accompagné du numéro de la cabine où serait transmis l’appel. Soit que l’on prenait l’appel soit ils nous appelaient au comptoir pour nous dire qu’il n’avait joint personne ou que la ligne ne fonctionnait pas à ce moment-là. La cabine avec un petit banc était à peine un peu plus grande que les cabines publiques que l’on voyait dans les rues avant les téléphones mobiles. Faire un appel était alors tout une expérience.

Je me souviens d’avoir passé quelques mois dans un petit village dans le Sud du pays et après quelques semaines j’avais envie de parler aux miens. Pour en faire une promenade et une sortie au restaurant, je suis alors partie à pieds pour le centre du village, là où il y avait la Téléco. J’habitais à ce moment en dehors du village. Arrivée sur place, j’ai passé mon appel, une chance j’ai trouvé à qui parler. Après petit tour au restaurant, comme c’était en fin de journée, je n’ai trouvé que du spaghetti saucisses hot-dog et pâte tomate, car il ne servait les gros repas qu’à la mi-journée. J’ai bien mangé, je suis retournée chez moi satisfaite de ma sortie, mais avec encore un peu de faim au ventre. Une marche de deux heures avait eu raison de mon spaghetti!

Je peux vous dire que le fax occupait une place importante dans ce temps-là. Il nous permettait de dire tout ce que nous avions à dire rapidement et à moindre coût. Si la ligne n’était pas bonne au moment de l’appel et bien l’appareil continuait seul jusqu’à ce que le message soit rendu. Cela nous aidait beaucoup quand nous étions à Port-au-Prince et même en dehors lorsqu’une personne amie nous apportait le message lors de son déplacement, car les fax ce n’était que dans les maisons privées et les bureaux, nous en profitions pour donner des nouvelles et en recevoir.

Quand internet a fait son apparition à Port-au_Prince, par voie téléphonique et par modem, donc pas question de parler au téléphone et d’être sur internet en même temps, nous étions tellement contents. L’on pouvait clavarder sur MSN en direct!! J’ai même eu une entrevue pour un mandat de coopérante volontaire par clavardage en 1999 tout en étant en Haïti et eux à Montréal! C’était une nouveauté pour tout le monde.

Je peux vous dire que la technologie adoucie beaucoup l’éloignement des siens et permet de faire rayonner le travail des organisations partenaires du CECI.

Maintenant me voilà en 2021 pour accompagner le GAFE-Haïti dans la mise en œuvre de son plan de communication et dans le développement de ses réseaux sociaux. Les communications sont toujours importantes, peu importe si c’est de notre temps ou celui d’une autre personne.

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