Témoignage
En tant que volontaires du programme Uniterra, notre rôle est de contribuer à l’augmentation du pouvoir économique des femmes et des jeunes dans le monde. Bien qu’il y aurait plusieurs moyens d’arriver à cette fin, la ligne directrice qui nous a été communiquée pour l’exécution de notre mission est d’utiliser une approche éducative. Ainsi, c’est par l’éducation et l’accompagnement que nous pouvons appuyer des projets de développement dans les différents milieux où nous travaillons.
Si l’on prend par exemple mon cas, je suis conseillère en marketing touristique au Pérou. Dans mon mandat, je dois donc prévoir des activités de formation qui permettront aux étudiants, aux professionnels et aux organisations d’améliorer leurs pratiques dans le domaine. Parfois, ce sera au travers d’activités plus formelles, comme dans un séminaire, et d’autres fois le contexte sera plus informelle, par ma participation à des projets et mon appui au comité.
Cependant, avoir des études et de l’expérience en marketing n’est pas suffisant pour faire mon travail. Connaître une discipline, c’est une chose. Savoir comment partager ses connaissances de manière efficace, ça en est une autre! J’ai réalisé bien vite que la majeure partie de mes tâches cette année seraient de vulgariser, démontrer et expliquer des concepts clés, et non pas de les mettre en application.
Ceux qui ont étudié en enseignement le savent, transmettre un savoir est un art. Non seulement cela implique un grand travail de préparation dans l’organisation de ses idées, il faut définitivement être un bon orateur et savoir communiquer efficacement. L’objectif, c’est que l’auditoire reparte avec de nouveaux acquis, alors il faut s’assurer qu’elle ait bien compris le contenu de la présentation.
Un défi dans cette formule est de s’adapter à la réalité du terrain. Trop souvent, on est tellement passionné et habitué à aller vite qu’on oublie de s’arrêter et de vérifier si ce que l’on dit fait du sens pour les autres ou non. Demandez à un informaticien de montrer à quelqu’un qui n’a jamais utilisé un ordinateur d’envoyer un courriel… C’est un vrai travail de patience, de compréhension et d’adaptation qui lui sera nécessaire pour y arriver.
L’autre grande difficulté, c’est de respecter cette réalité locale. Quand on arrive du « Nord », le but n’est pas de montrer au « Sud » comment on pense qu’il devrait fonctionner. Il ne faut pas avoir la prétention d’imaginer que notre façon de faire est meilleure, car il se trouve qu’elle peut être absolument désuète dans un autre contexte que le nôtre.
Pour ces raisons, j’ai commencé mon année de coopération internationale en observatrice. J’ai parlé avec les gens, je leur ai posé des questions et j’ai fait quelques tests ici et là pour voir ce qui était différent et quelles lacunes je pourrais aider à palier. Je commence maintenant à avoir une meilleure idée de ce que je peux faire et de comment m’y prendre, étant beaucoup plus confiante que le message sera bien reçu.
S’il y a un conseil que je peux donner à quelqu’un qui désire faire du volontariat pour Uniterra, c’est de se pratiquer à vulgariser et livrer du contenu spécialisé à un public général. C’est certainement un exercice qui m’aurait permis d’avance de savoir comment formuler mes idées pour qu’elles soient claires.
Ce que j’ai fait cependant avant mon départ, c’est de travailler mes compétences d’oratrice. En me filmant à chaque semaine pour mon blog vidéo et en participant à des formations sur la prise de parole, j’ai pu développer mes habiletés à parler en public. Avec la barrière de la langue et les différences culturelles qui compliquent parfois les communications, c’est une décision que je suis extrêmement contente d’avoir prise!
La stratégie qui a été la plus efficace pour moi jusqu’à maintenant est de créer des relations de confiance avec les gens avec qui je désire partager mes connaissances. J’ai réalisé qu’avoir une approche d’experte inspirait le respect, certes, mais l’approche amicale et sincère me permet d’aller plus loin dans la formation et de réellement toucher ceux que je rencontre. À chaque rencontre, j’ai l’impression d’avoir atteint les objectifs et je me sens moi-même revitalisée.
Car, en toute franchise, c’est probablement moi qui en apprends le plus dans cette expérience.
Article original publié sur mhcouette.com